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Grenade ... un été dans le sud

Les vacances commencent en Guadeloupe où nous retrouvons Georges et les régatiers saintois prêts pour le Tour de Guadeloupe en canots traditionnels : une semaine de régates partant de l'île de la Désirade pour arriver à Pointe-à-Pitre avec des étapes au Moule, à St-Louis, à Deshaies, à Basseterre et aux Saintes. Nous assistons à l'arrivée des 35 canots à la fin de la première étape : 22 miles acrobatiques au vent arrière dans une mer bien formée. Nos amis sont aux avant-postes. C'est impressionnant de voir la foule qui les accueille, la radio locale, les photographes, les sponsors. Plus de la moitié des canots sont neufs, construits exprès pour ce Tour qui comporte moins d'étapes de près que d'habitude.

Retour sur Anegada pour un petit mois d'été tropical. Pendant les dix premiers jours, nous remettons le bateau en état : nous le "rhabillons" puisqu'il avait fallu enlever toutes les voiles et tauds pour le laisser au chantier (moins de fardage en cas de cyclone). Nous reprenons en main les réparations entreprises par les mécanos de la place... pas très efficaces. Pour le chargeur de batteries, l'histoire est rocambolesque : après quelques tests sur le bateau (tout de même 5 h de travail par un professionnel, assisté téléphoniquement par un technicien Mastervolt ), le chargeur a été envoyé aux USA... pour constater qu'il fonctionnait parfaitement. Le problème était donc ailleurs. A notre retour, en une petite heure de réinstallation et contrôles divers, Pierre constate que c'est un câble entre le chargeur et la batterie qui est défectueux ! Enfin on peut recharger nos batteries.

Nous faisons des aller et retour en bateau entre St-Georges et Prickly Bay, base des bateaux en voyage. St-Georges, la capitale, est une jolie petite ville. Les vieux bâtiments sont en briques avec des toits recouverts de tuiles car à l'époque, les bateaux partaient de Grenade chargés de rhum et d'épices et revenaient "ballastés" de tuiles et de briques. De nombreux toits se sont envolés en 2004 pendant le cyclone Yvan, premier cyclone à avoir touché l'île depuis 1955 ! Nous y trouvons aussi un beau marché aux légumes, un marché aux poissons et des supermarchés.

Quand nous sommes proches de la civilisation, nous avons plaisir à aller boire un café à terre. L'expresso n'est pas souvent au rendez-vous ! Le plus drôle c'est quand la serveuse arrive avec les tasses et sous-tasses, la cafetière en porcelaine, le sucrier, parfois même les sets et finit par amener le pot de café soluble. Nous avons aussi de la peine à résister aux marchandes de sorbets dans la rue. La sorbetière est faite d'un récipient en métal entouré de glaçons, le tout dans un seau en bois équipé d'une manivelle pour tourner le sorbet, souvent au coco, et le faire prendre.

Nous poussons plus loin pour découvrir cette côte sud très découpées, et quelques petits mouillages de rêve. De nombreuses marinas, des hôtels de luxe enfouis dans la nature, de magnifiques villas et beaucoup de chantiers donnent une impression d'opulence et de reconstruction rapide. Il semble que ce n'est pas le cas dans toutes les parties de l'île et que de nombreuses familles vivent encore avec des bâches pour tout toit. Dans les quartiers plus populaires, les petites maisons font des taches très colorées dans la verdure exhubérante et répondent ainsi au rouge flamboyant des... flamboyants en fleur.

Pour mon anniversaire, Pierre me fait la surprise d'acheter... enfin... une éolienne. Il n'était pas convaincu, trouvant que 7 Ah de charge c'était bien peu. Mais maintenant il est tout heureux de se lever le matin avec des batteries chargées. Peu... mais longtemps, cela finit par faire beaucoup ! Pour cela, il faut tout de même du vent ! Après deux jours de travail, d'aller et retour au chantier pour trouver des tubes, des embouts, des câbles, de contorsions pour passer les fils, d'équilibrisme pour monter le tout... le vent est tombé. Impossible de voir si cela fonctionne. D'après nos voisins français qui nous ont dépannés quand la perceuse a rendu l'âme, c'est classique. Pour chaque éolienne installée, il y a quelques jours sans vent. C'est peut-être le prix à payer à Eole pour le faire travailler ensuite gratuitement !

Enfin nous sommes prêts à partir un peu plus loin : cap au sud-est, sur Tobago, île proche de Trinidad. Départ à 6h du matin pour une longue journée de navigation... mais après deux heures avec vent et courant contre nous, nous désespérons. Changement de programme, on retourne au nord dans le paradis des Grenadines que nous n'avons toujours visité qu'en coup de vent en pleine saison touristique. Un thon mord à notre ligne... avec le thasard pris le jour précédent, les frigos sont pleins. J'ai déjà rempli une partie de mes bocaux de chutney de mangues, je vais continuer avec du thon à l'huile puis marmelade mangues et bananes. Il faut profiter des produits de saison, mangues et avocats surtout sont mûrs à point, car autrement le choix est limité.

Après deux semaines de temps ensoleillé et relativement sec, des petites ondes tropicales se succèdent et nous amènent des ciels chargés, impressionnants parfois, et des pluies brèves mais intenses. Le tout pratiquement sans coup de vent, ce qui est déjà positif. Pendant la saison des cyclones, nous surveillons attentivement la météo. Notre ami Bernard a dû, l'an passé à la même époque, se réfugier dans la mangrove pendant le passage d'Emily. Malheureusement le téléphone satellite est en panne, l'ordinateur ne démarre plus... il reste les moyens traditionnels, VHF et BLU, et Internet quand nous sommes à terre (blog très intéressant sur la météo tropicale). Quand tout ceci ne suffit pas, on se tourne vers les voisins mieux équipés pour avoir les dernières nouvelles. Nous avons eu une seule petite inquiétude avec une onde tropicale qui passera finalement plus au nord et deviendra l'ouragan Chris pour quelques heures.

Les Tobago Cays sont presque désertes. Les eaux turquoises virent parfois au vert tout en restant claires. C'est le courant qui amène certains jours des particules depuis l'embouchure de Orénoque. Les responsables du tourisme se désespèrent car les photos idylliques de leurs clients seront ratées ! Nous partons chaque jour avec palmes, masque et tuba à la rencontre des poissons multicolores, des raies, des tortues et même des petits requins dormeurs et citron.

Nous n'avions jamais eu le temps de découvrir tranquillement les îles de Petite Martinique et de Carriacou. On les appelle les Grenadines dépendant de Grenade. Les habitants sont des gens de la mer très entreprenants. De tous temps, ils ont construit des bateaux pour partir à la pêche, pour faire du commerce (et même, à l'époque, de la contrebande) avec les îles voisines ou plus lointaines et pour régater. Nous rencontrons, sur un chantier de la côte au vent de Carriacou, face à la mer turquoise, un homme qui nous explique qu'il forme ses trois fils au métier de constructeur naval pour que cette tradition reste vivante après sa mort. Le bateau en chantier est destiné à un américain qui courra à son bord les régates de bateau traditionnel d'Antigua l'an prochain (photo du milieu).

Ils construisent aussi de magnifique petites maisons très colorées, avec une ou deux faces en tavillons. A Hillsborough, la "ville" de Carriacou, un peintre rasta décore artistiquement la maison d'un autre rasta, cordonnier lui. Je n'ose pas photographier l'intérieur de son échoppe mais la pile de chaussures est aussi impressionnante que ses dreadlocks.

Sur Petite Martinique, nous découvrons un supermarché différent de tous ceux rencontrés jusqu'ici dans ces îles du sud. De nombreux produits français provenant du Leader Price remplissent les étagères. Nous en profitons pour refaire un petit approvisionnement à un prix raisonnable. Nous apprenons que le propriétaire fait du commerce avec la Martinique grâce à son bateau et profite de ramener ces produits bien appréciés. Le fuel est aussi a un prix défiant toute concurrence dans la région et les "boat boys" viennent depuis Union faire le plein et acheter des bières par la même occasion. Leurs bateaux sont tous plus beaux et colorés les uns que les autres.

Après deux jours passés près de Sandy Island, petit paradis pour pélicans mis à mal par deux cyclones et protégé maintenant par une fausse barrière de corail mort, nous profitons de la lune bientôt pleine pour retourner au sud de Grenade. C'est une magnifique navigation nocturne (malheureusement au moteur par manque de vent !). Il faut à nouveau enlever et ranger voiles et tauds, vider les réserves de tout ce qui pourrait attirer les petites bêtes, faire les grands nettoyages et abandonner Anegada sur un autre chantier (Grenada Marine) un peu plus protégé en cas de cyclone... et croiser les doigts jusqu'au mois de décembre.

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