Les canots creux de régate "saintois" sont issus des voiliers de pêche traditionnels de Guadeloupe. Les pêcheurs les lestaient de pierres pour partir en mer, seuls la plupart du temps, Avant les années nonante, des régates se couraient sur un autre type de canots, des canots pontés qui, équipés progressivement d'une manière toujours plus moderne, amenaient une course à l'armement décourageante. Un charpentier de marine fait alors le pari de relancer la construction traditionnelle et réalise une réplique des canots de pêche antérieurs à la motorisation. Pari gagné puisque d'autres chantiers se lancent dans l'aventure. Dès 1991, les clubs décident de renoncer aux canots pontés pour développer la série des canots de type "saintois". Actuellement, une vingtaine de canots participent régulièrement aux régates organisées par les différents clubs, comptant pour un championnat annuel sur sept manches. Le Tour de la Guadeloupe a lieu à la mi-juillet. Il se court en cinq étapes et la population locale, tout comme les médias, le suivent avec enthousiasme.
Les bateaux sont construits en bois du pays, pin, poirier (pas celui qui fait les poires !), acajou, bambou. Une recherche constante se fait au niveau des courbes de la coque. Pour le reste, la jauge est assez stricte, bien qu'elle ne soit pas écrite, ce qui prête à des discussions et querelles internes. C'est ainsi que des champions d'autres catégories venus régater en canots ont abandonné les cordes en chanvre pour des cordages modernes à l'exception du spectra et du kevlar. Les tenants d'une construction de la quille de type "marsouin" s'opposent à ceux défendant la "demoiselle". Des projets d'une jauge plus formelle sont donc en cours. La longueur est limitée à 5,35 m, la largeur à 1,80 m, le tirant d'eau à 0,75 m, le mât à 7,25 avec capelage à 1,20m de la tête de mât, et le gui (bôme) à 6,50 m. Une quille longue, fixe et de ligne uniforme court sous le voilier de l'étrave au tableau arrière. Pour pouvoir naviguer, le bateau doit être assez enfoncé dans l'eau et trois (minimum) à six (maximum) équipiers sont indispensables. S'il est nécessaire de le lester plus, la roche ou le sable embarqués doivent être dans le canot. Aucun lest ne peut être intégré à la quille.
Au niveau de l'accastillage, seules quatre poulies simples sont autorisées pour l'écoute de grand'voile. Pas de poulie pour le foc, pas de taquet coinceur, winch, manille ou mousqueton en métal à l'exception des bagues pour endrailler le foc. La grand'voile est fixée par des anneaux en liane sur le mât et sur le gui en bambou. Etai et haubans sont en corde. Le stick de barre est interdit également et pour permettre le rappel indispensable au près, le barreur utilise une estroppe. Les voiles ne sont pas lattées. Girouette et faveurs sont interdites également et cela ne facilite pas le travail au vent arrière ! A cette allure, le foc est débordé à la main ou à l'aide d'un petit tangon en bambou coincé dans les haubans. |
Aux Saintes, c'est l'association A Dieu Vat qui est propriétaire des canots. Grâce au sponsoring, elle arrive à développer sa flotte. Une vingtaine de membres participent plus ou moins régulièrement aux régates et aux entraînements. Elle organise également cinq courses aux Saintes, dont le Tour des Saintes. Pour se déplacer aux autres régates, les saintoises sont transportées par un petit cargo jusqu'en Guadeloupe.