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Coup de coeur pour Guanaja

Guanaja, c'est un coup de coeur immédiat. Il faut dire qu'à peine les papiers effectués, avec sourires, mots de bienvenue et rien à payer... les couleurs de Settlement explosent au coucher du soleil. Le lendemain, le ciel est plus gris mais on ne se lasse pas de parcourir les ruelles. Chaque endroit est un tableau, chaque maison a son petit charme, son air de biais, ses pots de fleurs alignés, son bateau garé sous les piles, sa lessive flottant au vent. Construit en occupant chaque mètre carré d'une caye coralienne, le village déborde de tous côtés grâce aux pilotis.


Ceux qui n'y ont pas trouvé place sont partis en banlieue... de l'autre côté du chenal... sur l'eau toujours, même si quelques excentriques ont osé monter à l'assaut de la colline. Même le bar est sur pilotis. Mieux vaut avoir le pied marin à la sortie !

Guanaja a été découverte par Colomb (toujours lui, oui !) en 1502. Après les espagnols, au XVIIIème, l'île a été anglaise. Comme à San Andres et Providencia pour la Colombie, une partie de la population regrette d'avoir été annexée au Honduras après "l'abandon" des anglais et n'apprécient pas trop de parler espagnol. A chaque rencontre, c'est l'hésitation... Hello ? Ola ? Good Morning ? Buenos dia ? L'île vit de la pêche des langoustes et des crevettes ainsi que du tourisme.

Nous photographions une jolie maison bien campée sur ses nombreux piliers quand quelqu'un apparaît au balcon et nous demande si nous sommes intéressés à acheter des cartes nautiques. Curieux, nous montons chez Doyle qui nous raconte sa vie autour d'une pile de cartes récupérées dans des bateaux échoués rachetés aux assurances. Partis à 6 ans aux USA avec sa mère, il en est revenu à l'âge adulte avec cet accent terrible qui nous empêche de tout capter de ses périgrinations sentimentales et nautiques. Mais on comprend qu'il en assez de vivre au-dessus de l'eau, de sentir sa maison vibrer à chaque vague malgré les nombreux piliers rajoutés, de trembler à chaque cyclone (deux en 2010). Il est en plein déménagement et s'en va s'établir de l'autre côté de l'île, sur terre ferme, et élever des poulets. Un peu plus loin, une maison en construction nous confirme la force de la mer. L'ossature a l'air bien saine mais les fondations ont un petit air penché !

Guanaja, c'est aussi un pays de bateaux. 10'000 habitants, 2 km de route... autant dire qu'il vaut mieux savoir nager... et conduire une embarcation, que ce soit une pirogue ou une lancha super puissante. Toutes les maisons ont leur ponton avec leur "véhicule" plus ou moins luxueux. Les bateaux de pêche rencontrés aux Hobbies sont amarrés devant les bâtiments de leur armateur. Certains semblent hors d'usage mais resteront certainement longtemps là, au côté des plus jeunes, leur transmettant peut-être leur expérience ? Au milieu de la baie, une caye avec un long quai sert de station-service. Bien pratique pour nous aussi, nous y remplissons nos réservoir de fuel, mais également ceux d'eau, d'essence et de gaz. Même le petit aérodrome ne peut se rejoindre qu'en bateau, en débarquant à un ponton en bois bien gardé.

Pour nous rendre au village, nous nous glissons avec l'annexe sous les fondations d'une maison qui n'a jamais été terminée. C'est notre gymnastique du jour... slalomer... se baisser... se tirer... grimper et un peu d'équilibre de temps en temps. On passe ensuite devant la police, tout sourire, prête à se laisser photographier. A côté, il y a une porte en fer avec les cachots. Un jour, quelques prisonniers y étaient enfermés et faisaient du tapage. Les passants, curieux, guignaient par la petite grille ou la lucarne latérale. C'est certainement un moyen de prévention efficace !

La rue principale regroupe, sur 300 m environ, les quelques échoppes et petits supermarchés. Sur le banc branlant de notre café préféré, nous observons la vie du village. Les clients viennent acheter des médicaments (à la pièce !), faire des photocopies, ou recharger leur téléphone. Les jours où les minutes sont triplées pour tous les numéros, la tenancière a à peine le temps de nous préparer le café ! Assises à côté de perroquets étonnants qui imitent les pleurs et toux des bébés, des matrones vendent leurs pâtisseries. Des enfants passent avec un seau rempli de petits poissons qu'ils ont pêchés. Le mardi et mercredi, le boucher installe son étal en pleine rue. Le samedi, jour de culte pour les adventistes, les adeptes déambulent dans des tenues de fêtes, robes chics et souliers à hauts talons. Le son du piano et les cantiques s'échappent par les fenêtres ouvertes. Les gens se saluent, nous saluent et engagent facilement la discussion. L'ambiance est bon enfant.

Mais c'est le jeudi que le village est le plus animé, jour de l'arrivée des bateaux de ravitaillement depuis La Ceiba. Le quai se remplit de monde, chacun offrant ses bras pour porter les paquets, tirer les chariots, pousser les brouettes. Du plus jeune au plus âgé, tout le monde transporte quelque chose, comme des fourmis, par la terre ou par l'eau. Alors les étals se remplissent de légumes et fruits, le supermarché offre de la viande fraîche pendant quelques heures, avant de la mettre au congélateur. Un jour plus tard, le bateau est toujours là et se vide encore de rouleaux de papier de toilette, de papier ménage, de conserves, farines, produits d'entretien, bouteilles d'eau... Imaginez les marchandises nécessaires pour 10'000 personnes ! Quand nous sommes arrivés, nous nous réjouissions de trouver des produits frais. Malheureusement, un fort coup de vent du nord a empêché le bateau de prendre la mer et nous avons dû attendre, comme le reste du village, jusqu'au dimanche matin.

Nous avons pu ensuite quitter le mouillage proche du village pour nous rendre à celui, plus protégé de The Bight. Notre première impression a été de voguer sur un lac de montagne avec les pins descendant jusqu'à la plage. Nous retrouvons là quelques voiliers en voyage, canadiens, allemands, américains, français et même basques. Carl, du bateau Engenium, est GO dans l'âme. Il accueille avec bonne humeur tous les arrivants et organise chaque soir un petit évènement chez son compatriote Hans, qui a un bar sur la plage. C'est ainsi que nous passons quelques soirées à sauter de l'espagnol à l'anglais avec intermèdes en français et trois mots en allemand par ci par là ! Hans, qui vit à Guanaja depuis 33 ans après être arrivé en moto (!) s'est spécialisé dans les pizzas au feu de bois, délicieuses. Quelques morceaux des années 60/70 tournent en boucle, comme les moustiques du reste. Nous découvrons d'autres aspects de la vie de l'île : ici on ne parle pas de avant ou après J-C, ni, ni avant ou après C.C. mais avant ou après Mitch ! En 1998, Mitch, un cyclone redoutable, a balayé l'île pendant 72 heures avec des vents jusqu'à 170 noeuds ! La forêt a été rasée mais il n'y a eu "que" 4 morts. Incroyable quand on voit l'habitat ! Les maisons ont été reconstruites avec les matériaux récupérés, elles n'ont donc pas l'air récentes. Pour le reste, un gros effort de reforestation a été entrepris.

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Après ces quelques soirées bien arrosées, nous avons besoin de calme et nous échappons à Josh Cay, un îlot transformé en "resort" par son propriétaire originaire des Caymans, Mr Graham. Ce petit paradis est vide de touristes à cette saison et les hamacs sont juste pour nous ! Comme ailleurs dans Guanaja, nous nous sentons les bienvenus (contre une petite consommation tout de même) et nous en profitons pour admirer les paons, perroquets, poissons, tortues du mini-zoo et pour nous dégourdir les jambes en faisant le tour de l'île.

Dans ce mouillage aux eaux translucides, de gros dauphins viennent se nourrir et s'approchent facilement des bateaux. J'essaie de me mettre à l'eau pour les photographier mais j'arrive chaque fois trop tard. Ils se sont déjà éloignés. Pourtant, au quatrième essai, ils passent tranquillement à 10 m de la jupe. Je me glisse tranquillement avec mon appareil photo et j'arrive enfin à les suivre un moment. Le lendemain, dans une eau claire sans une ride, ce sont les Mitis qui ont droit à une visite très intime. Ils filment et photographient à tour de bras et nous nous amusons à monter un petit film avec Valérie.

Depuis Josh Cay, nous filons grâce à notre annexe rapide jusqu'à Savannah, le second village de l'île, celui qui a une route ! Attention à ne pas se faire écraser par un des trois taxis qui y circule à 20 à l'heure au maximum ! Nous admirons les jolies maisonnettes colorées et rechargeons notre carte 3G pour internet dans une toute petite échoppe. Nous avons de la chance, cela ne fait que quelques mois que ce service est disponible. Pour nous, c'est un confort absolu... internet au mouillage ! Nous la prêtons aux copains et c'est ainsi que Guy contacte son entreprise en Tunisie et Valérie fait une entretien d'embauche pour son retour en France depuis Josh Cay ! De notre côté, nous nous battons pour essayer de nous faire envoyer un nouveau bobinage pour notre génératrice, en panne depuis San Andres. Mais vu le poids de l'engin, ce n'est pas gagné ! Finalement, la machine à laver, l'aspirateur et le fer à repasser ne sont pas si indispensables que cela !


Après deux semaines et demi à Guanaja, il nous faut penser à la suite. Roatan, Belize, Mexique... et pourquoi pas un saut au Rio Dulce dont tout le monde parle en bien. Dans les îles de la Baie se croisent les voiliers qui en sortent et ceux qui viennent de Panama. Les renseignements et autres waypoints s'échangent. Nous cherchons un endroit pour caréner Anegada et pourrions en profiter pour prendre un petit bain d'eau douce !

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