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Des Canaries au Cap Vert

Notre semaine à Las Palmas a été une semaine de stress comme nous n'en avons plus connu depuis longtemps !

Dimanche 23.11 : Nous avons passé 4 jours au mouillage, en attendant le départ de l'ARC, le rallye avec lequel que nous avions traversé en 2005. Aujourd'hui, nous regardons les 250 bateaux sortir du port depuis la digue. Les canariens sont là en masse pour suivre l'évènement.

Lundi 24.11 : Nous avons une place dans la marina. Nous avons de nombreux problèmes techniques à régler, sachant que les mois suivants ne nous offriront plus l'occasion de remédier à des pannes importantes. Quel stress ! A peine le temps de boire un verre de temps en temps avec les voisins, Nadine et David sur Bella, ou avec Hervé, ancien du CER, propriétaires du catamaran Quasar que nous avions déjà rencontré aux Antilles. C'est en entrant dans la marina qu'on se trouve nez à nez avec son annexe. "Mais qu'est-ce que tu fais là ?" "Et toi ?" Retrouvailles bien sympathiques qui nous montre que les routes des navigateurs se croisent et se recroisent souvent par hasard.

Mercredi 26.11, jeudi 27.11 : Nous devons nous faire vacciner contre la fièvre jaune. Du coup, nous avons l'impression de participer à l'émission " La Chasse aux Trésors", les hélicoptères en moins et la voiture de location en plus ! Aller de clinique en pharmacie en baragouinant l'espagnol pour trouver finalement (par internet !) le centre de vaccination "Sanidad Exterior", très professionnel et efficace. Trouver la banque pour payer d'abord les 34 euros avant de revenir avec le reçu pour le vaccin... trouver un guichet postal pour faire un autre versement afin d'avoir un récépissé pour obtenir du Lariam à l'hôpital militaire, perché tout en haut de la ville... 4ème étage, ascenseur, deuxième bureau à gauche... Youpie ! J'ai gagné l'épreuve ! La suivante est tout aussi passionnante : repérer le bon bureau de police pour établir une "denonciacion" de vol pour notre vélo. Au quatrième coup, c'est enfin le bon endroit... une heure d'attente puis interrogatoire en espagnol. Heureusement que j'ai relu la déposition, il avait compris que j'étais sur un paquebot de croisière et qu'on m'avait volé un vélo de la compagnie !

Vendredi 28.11, samedi 29.11 : Dernière étape, plus agréable, l'avitaillement du bateau pour deux mois sans supermarché. Un tour à Carrefour, un tour à Hyperdino, qui met la viande sous vide, un tour au marché pour le frais... reste à tout caser dans le bateau. Pour fêter tout cela et le départ, nous allons manger avec David et Nadine au restaurant du club nautique. Il faut montrer patte blanche pour entrer dans cet endroit chic mais très sympa. Pierre sort ses atouts : carte Alinghi carbone, carte FSV.

Dimanche 30.11 : Bella part à midi pour le Cap Vert. Nous prévoyons un petit détour par la Gomera, comme Christophe Colomb, avant de les rejoindre ! Nous sortons du port à 14h30, confiants dans notre Anegada bien affûté. Surprise, l'alarme du moteur se met à siffler. Pierre plonge dans le compartiment... toute l'huile est au fond ! Nous allons tout doucement jusqu'au mouillage pour jeter l'ancre et remédier au problème. Le joint du filtre à huile, changé deux jours plus tôt, est à moitié sorti. Pierre rechange le filtre, remet de l'huile et pompe celle qui s'est échappé. A 16h, on peut enfin partir pour la Gomera, dans une très grosse houle du nord qui ne me convient pas du tout. Cette nouvelle panne m'angoisse. Quand sera-t-on enfin tranquille ? Je perds confiance dans le bateau... Pas bon !

Lundi 1.12, mardi 2.12 : Arrivés à La Gomera à 8h du matin, le port est plein comme un oeuf. Tout le monde attend le vent qui se fait désirer sur l'Atlantique. Comme il se décide enfin. les voiliers s'en vont pour la traversée et libèrent des places. On retrouve Cordélia et Joseph nos amis hongrois sur Epiphany et Jean-Claude sur Drisar. Il a troqué son équipage d'ados de 1000 sabords pour... sa femme Christiane et changé de voilier. Il nous donne des tuyaux précieux pour le Cap Vert, la Guyane, la République Dominicaine et Cuba. Le mardi, nous louons une voiture pour faire un tour de cette île qui a réputation d'être superbe. Les paysages sont effectivement somptueux avec ces vallées abruptes entourant des petites plaines fertiles, plantées de bananiers, ces villages colorés accrochés aux pentes et les palmiers ponctuant le tout. Mais le soleil ne veut pas se lever. Dommage !

Mercredi 3.12 : Le départ est prévu cet après-midi. Avant d'aller au marché, je monte jusqu'aux barres de flèches pour mettre une protection dans les haubans. Pierre me demande de contrôler les fixations des bas-haubans dans le mât. Horreur ! 4 torons sont sortis. On ne peut pas partir comme cela ! Heureusement , "Andy" a un service d'entretien des bateaux à La Gomera. Il nous demande de mesurer les bas-haubans, il les commande à Tenerife et nous promet qu'ils seront là au plus tard vendredi.

Jeudi 4.12 : Du coup, on a le temps de fignoler nos préparatifs et surtout l'installation électronique. Pierre a profité de prix avantageux à Las Palmas pour acheter un traceur de route Raymarine qui optimise notre système d'homme à la mer (il garde automatiquement en mémoire le point GPS si quelqu'un tombe à la mer, grâce à des bracelets que l'on porte). Un instrument de plus à intégrer à tous ceux déjà à bord... comment le connecter ? l'alimenter ? le faire communiquer avec ses copains ? Après s'être pris la tête un moment et avoir refait quelques connexions douteuses, tout fonctionne. Ouf !

Vendredi 5.12 : A 10 h, les bas-haubans sont là ! Bravo Andy ! On les réinstalle puis on part au marché faire le dernier approvisionnement. Après les formalités de sortie d'Espagne et un petit repas, on quitte le port... on quitte l'Europe ! Pas de vent pour les premiers milles. En fin d'après-midi, enfin, on marche à la voile. C'est parti pour 5 jours de traversée.

Samedi 6.12 au mercredi 10.12 : Traversée sans problème... que cela fait du bien ! Le vent de NE nous reste fidèle tout du long, nous ne mettons le moteur qu'une dizaine d'heures sur cinq jours ! Les deux premiers jours, la houle secoue un peu mais ensuite, la mer se calme et nous offre une navigation de rêve. Les dauphins viennent nous voir tous les matins et jouent longtemps à l'étrave. Le ciel, couvert au début, se dégage petit à petit et les nuits sont étoilées et douces, les aurores colorées. On fait nos quarts en écoutant de la musique, en lisant ou en somnolant. Pas de cargo à l'horizon... ! Les deux dernières journées se font même sous spi, à 8 noeuds. On a peur d'arriver trop vite car on ne veut pas faire l'atterrissage de nuit. A l'aube du 10 décembre, nous apercevons l'île de Sal. Je réveille Pierre car c'est le dernier moment pour tenter la pêche, qui ne nous a pas souri pour l'instant. Il met ses lignes plein d'espoir car nous sommes à l'endroit de la remontée des fonds de plus de 1000 m à 100 m. On ne tarde pas à entendre le bruit caractéristique... enfin ! Mais l'espoir est de courte durée car deux minutes plus tard, il ne reste rien au bout de la ligne. Pierre retente le coup. Cette fois-ci, on voit des dauphins sauter derrière nous. Poursuivent-ils des poissons ? Nous avons une nouvelle touche, mais à nouveau il ne reste que le fil. Le rapala a été englouti ! Par les dauphins ? cela ne nous est jamais arrivé... par des requins ? On ne le saura jamais.

Nous mouillons dans la baie de Palmeira à Sal et récupérons de nos efforts. Accueil sympa, en français, par Zidane, un jeune capverdien que Jean-Claude nous avait recommandé. Il nous donne toutes les infos nécessaires sur le mouillage et nous demande de nous déplacer pour laisser les cargos manoeuvrer. Comment expliquer nos premiers sentiments sur le Cap Vert? Nous sommes sur nos gardes car on entend beaucoup parler de vols, vols d'annexe en particulier. Nous la cadenassons, mais nous sommes apparemment les seuls. Il faut dire qu'elle est un peu plus grande et "luxueuse" que les autres. Nous débarquons devant le local des pêcheurs. C'est animé et plutôt accueillant. Chaque fois que nous engageons la conversation, comme avec le pêcheur de pousse-pieds, on nous répond très gentiment, souvent en français. Nous avions entendu parlé de la gentillesse des capverdiens, ce n'est pas une légende.

Pour aller chercher des escudos, nous devons nous rendre à Espargos, la ville principale de l'île. Nous y allons en taxi collectif, l'aluguer. Un sénégalais essaie de nous vendre des T-shirt. Premier constat... ce sont les sénégalais qui abordent les touristes et vendent les souvenirs... Deuxième constat, l'île est vraiment aride, plate et sans grand intérêt. Troisième constat en ce qui concerne la pauvreté : notre hiver en Tunisie nous a un peu habitué à ce type d'habitat sans fioriture, aux détritus abandonnés partout. Nous trouvons tout de même que les habitants, à Sal du moins, semblent moins démunis que ce que nous pensions. Beaucoup ont des téléphones portables, les jeunes sont habillés à la mode, avec des habits "de marque" comme en Tunisie. On sent que le tourisme, très présent dans le sud de l'île, a amené un peu de confort. Mais il paraît que Sal est l'île la moins représentative du Cap Vert. Alors attendons. Le plus joli, ce sont les petites maisons colorées, les femmes qui portent les charges sur la tête et les enfants dans le dos... petit côté africain !

Jeudi 11.12 : Nous devons terminer les formalités d'entrée. Un capitaine de port très sympathique nous donne des explications pour la suite de notre voyage. Il nous parle aussi d'un bateau de pêche de Boavista qui a disparu en mer, entre Boavista et Santiago. Ils n'ont plus de nouvelles depuis plus d'une semaine. Il nous demande d'en parler autour de nous. Nous prenons ensuite un taxi pour aller visiter les fameuses salines de Pedra Lume. Le site est grandiose avec les anciens poteaux du téléphérique, les différentes couleurs des salines et les parois du cratère. L'eau remonte par le fond, qui est à hauteur de la mer. Avant l'arrivée des portugais déjà, les maures venaient s'y ravitailler en sel. Les salines ne sont plus en service depuis 1984, à l'exception d'une toute petite production que les Salins du Midi extraient pour la consommation locale. L'après-midi, nous levons l'ancre pour l'immense baie de Mordeira, Un peu plus au sud. Nous y passons la nuit totalement seuls.

Vendredi 12.12 : Départ vers 9 h pour Boavista. Le vent souffle fort et la vague déferle parfois. Nous ne mettons que 4 heures pour faire les 30 nm entre les deux îles. La pêche est toujours aussi catastrophique. On ne sait pas quels sont les monstres qui peuplent les profondeurs mais nous n'arrivons à remonter aucun d'entre eux. Ils peuvent, de leur côté, faire une association des poissons ayant un rapala coincé dans la gueule ! On essaie d'aller plus lentement, de mettre des rapalas plus gros, plus petits, des poulpes... rien à faire ! A notre arrivée à Boavista, nous découvrons, au marché aux poissons, la taille des coryphènes, des thons et des marlins... On a compris ! On ne pouvait pas lutter ! Du coup, nous achetons un gros morceau de coryphène.

Au mouillage, nous nous plaçons à côté de Vagualarme. Pascal est un ancien élève de l'école de voile de Founex, pris par le virus, comme son père Edgar (Crète et Péloponnèse) Avec son amie Cordélia et le fils de celle-ci, Ulysse, ils font un tour de l'Atlantique en une année. Nous espérions bien nous rencontrer en route... à Boavista, c'est l'endroit idéal. Pascal et Ulysse aiment pêcher au harpon et Pierre se réjouit d'aller avec eux. Malheureusement, le vent est très fort. le mouillage très agité et les eaux très troubles. Patience !

Apéritif le soir sur Goyave, le catamaran de Christian et Maryse qui a dérapé pendant leur virée sur l'îlot voisin. Pierre et Pascal sont allés le récupérer. On échange des infos sur les destinations anciennes et futures, des trucs de pêche, tout en dégustant des petits coquillages, fruits de leur récolte de l'après-midi sur l'îlot. Ils ont passé 16 mois en Afrique (Casamance, Sénégal, Gambie) et sont de vrais voyageurs racontant quantité d'histoires intéressantes.

Samedi 13.12, dimanche 14.12, lundi 15.12 : Le vent ne veut pas faiblir. Il a soufflé à 30 noeuds pendant 24 heures et daigne baisser à 25. Une grande houle arrive dans le mouillage par l'arrière et les bateaux partent presque au surf puis reculent et les chaînes se tendent. On double les aussières qui grincent à chaque recul. Fatigant. On n'ose pas aller à terre trop longtemps, surtout que le mouillage est à 1km environ du village. On se rend des visites avec Vagualarme, apéro chez l'un, thé chez l'autre... et Ulysse vient m'aider à faire quelques biscuits de Noël... vite avalés !

Le lundi, nous partons tout de même faire une marche tous ensemble, laissant Pierre surveiller les bateaux. Nous mettons un certain temps à trouver la jolie route décrite dans le guide car le développement rapide du tourisme a modifié les tracés et nous longeons l'aéroport, puis la décharge avant de trouver enfin la vieille route pavée qui serpente entre les dunes et les palmiers (mais qu'est-il arrivé à ces palmiers ???).

Au loin, nous apercevons un hôtel surréaliste, que nous avons aussi remarqué depuis le mouillage. L'hôtel Rio, construit par les espagnols et ouvert il y a deux semaines, tient tout du mirage quand on le voit depuis le bateau à travers les brumes de l'harmattan. Il a l'air bien vide pour l'instant. Pendant ce temps, Pierre a découvert la pêche depuis le bateau. Avec les coquillages ramassés sur l'île le matin comme appât, il attrape plusieurs sars de belle taille. Il se venge de la pèche à la traîne !

Mardi 16.12 : Ce n'est pas encore aujourd'hui que le vent se calme... On enfile les cirés pour aller à terre et trouver le cybercafé. Je peux enfin mettre le site à jour et relever mes mails. Nous faisons quelques courses au marché municipal. On trouve plus de légumes que ce qui nous avait été annoncé, mais ils sont chers : de 2,50 à 3,50 euros le kilo. Par contre, aucune salade à l'horizon. Ce soir, repas sur Vagualarme. Le bateau est petit, 35 pieds, mais bien sympathique. Le grogue (rhum) de San Antao fait de bons ti-punch et Cordélia nous a préparé un délicieux mafé.

Mercredi 17.12 : Malgré mes prévisions optimistes, le vent est toujours là. En fait, cela fait depuis dimanche que j'annonce que "demain" ça va se calmer ! (Cela doit rappeler des souvenirs à certains !) Personne ne me croit plus et tout le monde en a marre. Les 50 m qui nous séparent de Vagualarme paraissent parfois infranchissables et sont du moins très humides. Heureusement, il y a la VHF pour communiquer. Ce matin, les hommes décident de tenter une partie de pêche sous-marine sous le vent de l'île voisine. Avec Cordélia, nous optons pour une balade sur l'île en papotant. Passé la plage couverte de détritus amenés par le vent, la mer mais aussi les visiteurs, le paysage est fait de dunes couvertes de graminées et de buissons bas et secs. Les ruines d'un ancien fort datant de 1818, qui servait de refuge aux habitants de Boavista lors d'attaques de pirates, offrent un beau point de vue sur l'île et le mouillage. L'eau est encore trop agitée et trouble et les hommes rentrent bredouilles. Nous en avons tous assez de cette île qui ne se laisse pas approcher et pensons partir demain. Ce soir, dernier apéro avec Goyave et Vagualarme avant que nos routes se séparent à nouveau. Pour nous, la prochaine étape sera Tarrafal sur Sao Nicolau, Goyave part sur Sal et Vagualarme sur Santiago où la famille de Cordelia débarque pour les fêtes. Ces quelques jours ensemble ont été bien sympa malgré les conditions difficiles.


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