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Crète et Péloponnèse

Depuis que nous avons quitté la Turquie, un problème occupe mon esprit... comment traverser jusqu'en Crète dans de bonnes conditions ? Le meltem est comme un fleuve puissant s'écoulant du nord au sud puis au sud-est. Nos amis Georges et Gisèle ont essayé de passer par Karpathos, au sud de Rhodes. C'est le bout du couloir... courants d'air assurés... porte étroite entre Rhodes et la Crète, donc accélération du vent, du courant, des vagues... Ils sont restés 4 jours au mouillage par 40 à 50 nds de vent à faire des quarts de nuit pour surveiller que l'ancre ne dérape pas. Finalement, ils ont fait demi-tour et nous ont retrouvés à Astipalaia. Ensemble, nous avons repéré une nuit où le meltem semblait faiblir. Et effectivement, il a tellement faibli qu'il n'y avait plus de vent. Au moment où nous décidons par VHF de tout de même traverser au moteur, une jolie brise se lève et nous pousse à 7 nds sous la pleine lune. Nous sommes surpris de voir que la lune disparaît petit à petit et nous découvrons par hasard qu'il y a une éclipse partielle. C'est donc après une nuit magique que nous abordons les rivages crétois au petit matin.

Les côtes de Crète offrent peu de mouillages protégés. Nous choisissons le port de Rethymnon comme base pour visiter en voiture. C'est grâce au voilier Logos, qui met son journal de bord sur internet, que nous avons eu ce bon plan (32 euros payés pour une semaine, port calme, bien protégé). C'est promis, je ferai aussi une page pratique, les expériences des autres bateaux complétant bien les guides de croisière. Rethymnon nous offre aussi une grande plage, des supermarchés, son joli marché hebdomadaire (jeudi), un musée avec une très belle collection de sarcophages en terre cuite et la promenade au coucher du soleil dans la forteresse vénitienne.

La Crète est si grande... difficile de faire notre choix d'itinéraire. Nous partons vers le sud mais, attirés par les petits villages de montagne, nous quittons la route principale. Après une visite à la petite église locale, nous laissons tenter par une auberge très rustique, où on nous accueillent spontanément avec un verre de goutte et des graines de tournesol grillées. On décide de manger un morceau dans cet endroit authentique. Ce sera le plat unique préparé pour un repas de famille avec la jeune génération venue d'Athènes en vacances. Avec eux, on peut parler anglais et avoir quelques explications sur le menu et la vie dans ces montagnes. On apprend que ces villages ne sont habités qu'en été et qu'en hiver bêtes et habitants redescendent à la bourgade voisine. Pierre est tout de même surpris de découvrir son assiette d'agneau... très rustique !

Plus loin, à Roustika, nous visitons la petite église Hagia Triada et ses fresques et un monastère bien calme où les grappes de la treille nous appellent. Les visites par cette chaleur sont éprouvantes et nous retrouvons avec plaisir le bateau et la grande plage de Rethymnon, même bondée.

Le lendemain, visite obligatoire à Knossos, ancien palais minoen maintes fois détruit par des tremblements de terre entre 2000 et 1300 avant J-C. et chaque fois rebâti. La dernière reconstruction partielle débute en 1894 quand l'archéologue Arthur Evans tombe amoureux du site et décide de le mettre en valeur à sa façon, en reconstituant certaine partie avec des matériaux modernes. Nous ne sommes malheureusement pas seuls sur ce site très touristique. Les visites, ça creuse... pour les gourmands que nous sommes tous les quatre, le repas de midi et le choix d'une auberge typique est un moment important. Nous n'avons pas résisté à la rôtisserie d'Anogia, sur la route du retour.


La fatigue se fait sentir le troisième jour et nous nous contentons de visiter La Canée, port très touristique avec un marché couvert sympathique où nous mangeons (encore...) entre le poissonnier et le boucher. S'il y a de beaux bâtiments, on voit aussi beaucoup de ruines. La rénovation ne concerne souvent que la façade ou même seulement le rez-de-chaussée où il y a un bar ou un restaurant. Comme partout ailleurs, on retrouve dans cette ville les traces des différentes civilisations et religions qui l'ont occupées et qui ont parfois réaménagé les bâtiments à leur convenance plutôt que de les détruire. Le monastère Hagios Nikolaos était une basilique de l'ordre dominicain en 1320. Elle a hérité d'un minaret lors de l'occupation turque et maintenent c'est une église orthodoxe.

Edgar et Dorly nous rejoignent pour deux semaines et nous quittons donc Rethymnon pour longer le nord de la côte crètoise jusqu'à La Canée à nouveau, pour une nuit infernale à quai, à cinq mètres des terrasses bondées, puis jusqu'au mouillage bien abrité et magnifique de Gramvoussa, à l'extrème nord-ouest de l'île. Décor de cinéma fait de falaises ocres dominées par une forteresse vénitienne (une de plus !) avec, comme acteur principal, une épave de petit cargo.

Les fichiers météo ne nous permettent malheureusement pas de traîner et de profiter plus longuement de Gramvoussa. Cap au nord-ouest sur Cythère pour rejoindre le Péloponnèse. Au revoir la Crète ! Vent de 20 nds en plein travers, belles vagues, on se régale pendant 8 heures. Au nord d'Antikithira, un thon nous fait le plaisir de mordre au rapala. On en rêvait depuis 5 mois ! Sashimi au menu du soir !

Cythère... Nous retrouvons avec plaisir une île grecque typique avec sa chora. C'est tout de même l'ambiance et le paysage qui nous auront le plus marqués pendant ce périple en Méditerranée de l'est. Nous demandons un taxi pour monter à la chora puisque le bus ne part qu'à 13h. Désolé de ne pas réussir à atteindre le chauffeur de taxi, le conducteur du bus nous propose de faire une course juste pour nous... Qui a dit que les grecs n'étaient pas sympas ? Belle vue depuis le château vénitien, beaux blasons sur les maisons, fleurs partout, un endroit bien sympathique.

Plus au nord, nous découvrons les plages de sable blanc et les eaux turquoises de l'île d'Elafonisos. Au village, les poulpes sèchent au soleil devant les tavernes. Pierre attaque le changement des vitres de hublot, ce qui nous vaut un semblant d'orage et trois gouttes.

Cap à l'ouest ensuite pour sauter de doigt en doigt sur la grande main du Péloponnèse. Kotronas nous charme par ses paysages qui rappellent la Toscane : oliviers, cyprès et champs dorés. Les habitations font plutôt penser à la Corse avec des bâtisses carrées en pierre grise et de nombreuses tours de garde. Les habitants de cette région se vantent qu'aucun ottoman n'y a mis les pieds ! Nous y apprécions aussi une taverna à la cuisine un peu plus recherchée que d'habitude. Comble de la modernité, le serveur et la cuisine communiquent par oreillette, comme dans les grands restaurants. Mais malheureusement la commande a été prise auparavant par la "mamma" qui ne parle que quelques mots d'anglais... et ce n'est pas le bon plat qui arrive ! Pas encore au point la technique !

Depuis quatre nuits, nous sommes seuls au mouillage, pourtant nous ne sommes qu'à la fin du mois d'août. Nous ne trouvons pas de commerce dans ces petits villages isolés et nos réserves diminuent. Un pêcheur nous vend un peu de poisson pour la friture, congelé dans un drôle d'emballage. Déception à l'étape suivante. Mezapo n'a pas plus de commerce que Kotronas et, en plus, c'est un vilain village. Les guides sont parfois trompeurs. Seul son coucher de soleil restera dans nos mémoires. Nous rions en voyant un camping-car y arriver et en repartir aussi vite. Les guides de camping doivent être aussi faux que les ceux de croisière.

Nous apprécions de retrouver un peu la civilisation dans les petites villes de Koroni et Methoni, stations balnéaires tranquilles dominées par... des forteresses vénitiennes. On les appelait à l'époque les "yeux de la République" car elles permettaient de contrôler efficacement le trafic maritime.

Mais nous ne nous régalons pas seulement d'histoire ancienne... les mystères de la rampe d'accès au garage, les sculptures du poteau électrique ou des fesses d'Aphrodite veillant sur nos deux bateaux, l'organisation savante du kiosque à journaux nous captivent encore plus et alimentent les conversations à l'heure de l'ouzo sur le port.


A Methoni, nous quittons avec émotion Georges et Gisèle car nos routes ne se croiseront certainement plus jusqu'aux Antilles en 2010. Depuis Monastir, nous nous sommes retrouvés à plusieurs reprises avec beaucoup de plaisir... et de tartes, la spécialité de Gisèle. Plus loin, à Pilos, ce sont Edgar et Dorly qui s'en vont. Nous faisons un dernier approvisionnement grec, les formalités de sortie, et le 8 septembre, nous nous lançons dans la traversée vers l'Italie.

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