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République Dominicaine - 3
février 2014

J'ai préparé en Suisse, déjà, le petit voyage avec ma maman à l'intérieur de la République Dominicaine. J'avais envie de lui faire découvrir la péninsule de Samana où nous avions été avec le bateau en 2010. En plus, c'est la période des baleines !

Nous prenons donc le grand bus Caribe Tour près de l'aéroport et en une heure et demie, traversant des plantations de palmiers à huile, des rizières puis une partie du parc des Haïtises, nous arrivons à Sanchez, au pays des cocotiers. Une guagua nous emmène ensuite jusqu'à Las Terrenas, montant péniblement les lacets d'une route escarpée au milieu d'un paysage sublime, forêts tropicales alternant avec des pâturages, vues plongeantes sur la baie et petits villages typiques.

Nous voici presque en France ! Las Terrenas n'a plus grand chose de dominicain... Les hôtels et complexes se suivent sur le bord de mer et cela parle français partout... sauf à la boulangerie française ! Le "quartier des pêcheurs" est bien trop léché et luxueux pour les vrais pêcheurs, qui ont heureusement déménagé un peu plus loin sur la plage. On y déguste de bons anneaux de calamars frits en attendant l'ouverture de Flora Tours à qui j'ai réservé deux excursions avec guide français pour que maman en profite au maximum.

Puis nous découvrons notre hôtel, le Tortuga, une petit havre de paix dans un jardin tropical tenu par une Française. Dix bungalows avec juste le confort nécessaire, beaucoup de charme, une piscine et un bon restaurant ... c'est les vacances ! Quand nous en sortons le lendemain matin, nous sommes toutes étonnées de nous retrouver face à des motoconchos pétaradants conduits par des Dominicains... Ah oui ! Nous ne sommes pas en France !

Nous retournons à Sanchez avec le minibus de Flora Tours puis une lancha rapide nous emmène à travers la baie jusqu'au superbe parc des Haïtises. Ce parc est formé de mangroves et de mogotes, des formations géologiques creuses à la base taillée par la mer. La végétation qui y pousse se satisfait de peu puisque la terre y est rare. Nous slalomons dans ce paysage magique, un peu vite à mon gré, plus habituée au rythme lent du voilier qu'à celui d'une lancha aux moteurs puissants !

Nous nous arrêtons pour observer les oiseaux. Heureusement, Nicolas, notre guide et propriétaire de Flora Tours, est très intéressant et connaît bien son sujet. Les frégates sont en période d'accouplement et les mâles déploient leur gorge rouge pour attirer les femelles. Les vautours survolent les mogotes à la recherche de proies ou se sèchent les ailes à la manière des cormorans. Pélicans bruns et sternes royales colonisent les piliers d'un ancien ponton.

Puis nous traversons une belle mangrove de palétuviers rouges pour visiter notre première grotte et découvrir quelques maigres dessins taïnos. Ces Indiens sont les descendants des Arawaks. Ils ont poursuivi leur route à travers la Caraïbe jusqu'aux grandes îles du nord, Puerto Rico, Hispaniola, Jamaïque et Cuba. Ce peuple pacifique n'a pas résisté à l'arrivée des Indiens Caribe puis des Espagnols. Ceux qui ne sont pas morts au combat ou de maladies contre lesquelles ils n'étaient pas immunisés, se sont suicidés pour éviter de devenir esclaves des envahisseurs. Un des dessins représente le diable. Il tient une croix dans chaque main ! Le diable pour eux était le chrétien... Dans une autre grotte, une chauve-souris est gravée dans la pierre. C'est dans cet animal que se repose l'âme des défunts avant de retrouver un autre corps.


La deuxième excursion nous emmène à Santa Barbara de Samana où, grâce à une autre lancha nous allons voir les baleine à bosse. C'est toujours Nicolas qui nous accompagne et nous explique que chaque année, de mi-janvier à mi-mars, ces cétacés viennent depuis le nord, où ils se sont gavés de planctons et petits poissons pendant l'été, dans les eaux chaudes de la Mer des Caraïbes pour mettre leur petit au monde, ou pour s'accoupler. Grâce aux photos de leur queue, les spécialistes peuvent les reconnaître, et suivre leur périple. Comme les baleines ont une gestation de 12 mois, elles reviennent un an après l'accouplement dans la baie et accouchent à l'aide d'une seconde baleine dite ? Le baleineau, qui ne résisterait pas au froid des eaux du nord, reste proche de sa mère et tète goulûment de 150 à 200 litres par jour ! C'est pour cela que la baleine n'a toujours qu'un baleineau... Nous avons pû suivre pendant une heure une mère, son petit et la ? Malheureusement, les mâles n'étaient pas bien excités ce jour-là et n'ont pas fait de sauts caractéristiques pour attirer les femelles.

Après le bleu de la mer, le vert de la forêt nous tend les bras... Nous allons faire une cure de chlorophylle dans les arbres du Dominican Tree House ! C'est l'aventure tout de suite... à peine descendues du taxi, un groupe d'enfants nous prend en charge, portant nos bagages et nos souliers car il nous fait traverser trois fois la rivière pour arriver à destination. Mette, une jeune volontaire allemande apprenant l'espagnol pendant six mois dans ce cadre enchanteur, nous accueille avec un verre de bienvenue puis nous montre notre "chambre". Une maisonnette au toit de chaume avec un lit et sa moustiquaire, un gros coffre en bois fermant à clé pour mettre nos affaires, un hamac et c'est tout ! Mais surtout... on a la vue de tous les côtés sur la forêt, les cacaoyers, les caféiers en fleurs. Le bruit des insectes, des grenouilles et des oiseaux nous tient compagnie le soir. Le matin, il y a en plus le bruit des gouttes sur les feuilles car l'humidité est à son maximum. On comprend alors le terme de forêt pluviale !


Nous discutons beaucoup avec les jeunes employés, tous aussi sympas et enthousiastes les uns que les autres, le soir autour du feu. Ils viennent tous du village tout proche ou de Samana et forment une bonne équipe. Près de la cascade, Wilson le Haïtien vend ses toiles avec le soutien de Chalo. A côté, le pont susupendu nous amène de l'autre côté de la rivière sans se mouiller les pieds cette fois !


Nous marchons jusqu'à la plage de El Valle. La route en terre passe au milieu de prairies où se prélassent chevaux, vaches, cochons, chèvres, poules. Des cases rudimentaires et colorées sont éparpillées le long du chemin et leurs habitants sont toujours prêts à tailler une bavette et nous expliquer leur travail, comme la cueillette des fêves de cacao, par exemple.


La plage est sauvage à souhait, avec juste deux petits restaurants. Elle nous enchante et même si nous n'osons pas trop nous aventurer dans les vagues, dues à la houle du nord qui sévit ces temps, nous la parcourons pour digérer notre poisson grillé.

En fin de journée, le retour est épique puisque le conducteur du montoconcho veut absolument nous emmener le plus loin possible. Il emprunte les marches pour aller à la rivière sans nous faire descendre de la moto, puis la traverse en roulant ! Maman n'apprécie pas du tout l'aventure et nous finissons par exiger qu'il s'arrête et nous laisse continuer à pied ! Nous retrouvons la végétation luxuriante et le sourire de tous les employés.


Le lendemain, je me laisse convaincre de tester la zipline. Mette me propose de m'accompagner. Je pensais qu'une navette allait venir nous chercher... mais non ! Nous suivons au pas de charge un des jeunes responsables qui nous accompagne... à pied ! Et ça grimpe sec... sur un sentier... mouillé et bien glissant ! Après 20 minutes d'efforts, nous arrivons à la première station et nous retrouvons Ariel qui aide à l'accueil des Tree Houses quand il n'est pas à la tyrolienne. Il m'équipe et m'explique le parcours : 12 sections... la première faisant environ 400m à 200m au-dessus de la forêt ! A la fin, je me retrouverai à la cascade à côté de l'hôtel. Même pas peur ! Je me régale à survoler la forêt ! Je filme, Mette me filme... à chaque station nous retrouvons les trois Suédois qui nous accompagnent et les jeunes qui descendent en même temps car il n'y a plus de client après nous. Ils font les pitres ! A force de les regarder, j'essaie de me mettre à l'envers comme eux !

Malheureusement, le rêve se termine et il faut retrouver le bateau et le bruit de Boca Chica. La compagnie sympathique des marineros du bateau voisin, qui passent chaque matin (et aussi après chaque averse) la vadrouille sur le bateau dont ils sont responsables, nous console. Ils sont tout contents de nous caréner la bateau pour se faire un peu d'argent. Nous organisons aussi un goûter avec un famille de jeunes Russes atypiques ! Ils ont traversé l'Atlantique en 29 jours sur leur 32 pieds avec leurs 3 filles de 10 mois, 2,5 ans et 4 ans ! Arrivés aux Antilles, ils ont été estomaqués des prix et sont repartis illico-presto sur la République Dominicaine en espérant y trouver le paradis qu'ils recherchent ! Pas sûr qu'ils y restent longtemps ! C'est toujours intéressant d'entendre les gens raconter leur vie et leurs rêves. Pour la petite histoire, Olga a accouché de la petite dernière dans le bateau, seule avec son mari... "C'est natourrre... pourquoi docteurrr ?...pas besoin docteurrr !"

De la marina, nous pouvons nous rendre facilement à St-Domingue avec une guagua. Passionnée d'histoire et de vieilles pierres, maman a préparé la visite et je me laisse guider. Petites rues aux jolies façades, places ombragées, églises de toutes sortes, forteresse, nous déambulons tranquillement.


Nous visitons à fond la cathédrale, impressionnante car c'est la première du nouveau monde. Elle a malheureusement été mise à mal par Francis Drake, le corsaire qui a détruit une partie de la ville. Heureusement les grandes voûtes sont intactes et toujours superbes. Les pierres sont d'origine corallienne.

Lors de notre seconde visite à la capitale, nous passons un long moment dans le musée des Casas Reales qui retrace bien la découverte de cette île par Colomb. Isabella a été la première bourgade au nord de l'île mais à son second voyage, Colomb n'y a retrouvé que des cendres et des cadavres. Il a alors fondé La Navidad, toujours au nord mais c'est au sud, à St-Domingue, que s'est vraiment développée la colonie avec la première maison en dur (maison de la Corde), le premier hôpital, la première rue digne de ce nom (Calle de las Damas), la première cathédrale... et j'en passe ! De St-Domingue sont parties ensuites d'autres expéditions pour découvrir les îles et terres voisines.

Pierre revient de sa croisière-copains et nous larguons les amarres pour l'est de l'île. Catalina et Saona sont deux îles aux longues plages bien encombrées de touristes... et souvent peu accessibles en annexe ! Mais le spectacle depuis le bateau est magique et les couchers de soleil somptueux. Cela fait du bien de se retrouver au mouillage après cinq semaines de marina ! Puis nous posons maman à Casa de Campo et nous partons pour Puerto Rico et notre navigation contre le vent pour rejoindre les Petites Antilles. J'ai tout de même un pincement au coeur de quitter ce pays que nous n'avions pas trop apprécié il y a cinq ans mais que nous avons appris à connaître mieux. Le sourire, la bonne humeur, la spontanéïté et l'accueil des Dominicains restera cette fois un excellent souvenir !

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