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Arlette au pays des Mayas

Il y a eu les "Martine", les "Tintin", moi je continue la série des "Arlette", en espérant avoir le succès des "Harry Potter" au moins ! Après Arlette aux Antilles et Arlette à Cuba, voici Arlette au pays des Mayas.

Cela fait quatre mois que maman se réjouit de nous rejoindre au Mexique et qu'elle prépare avec enthousiasme et même acharnement, grâce aux livres, aux guides et à google, la visite des sites mayas. De mon côté, j'ai toujours eu envie de voyager sac au dos. Je n'en ai jamais eu le loisir puisque ce n'est pas vraiment ce que Pierre préfère. L'occasion était trop belle et je sais maintenant (je m'en doutais !) de qui je tiens le goût du voyage, de l'aventure, de l'exploration. Maman, en plus, est une passionnée de vieilles pierres et me sert de guide tout au long de cette belle semaine. Assises à l'ombre des arbres, face aux ruines, elle me relit ses notes et les pages correspondantes du guide. A mon tour, je lui traduis les commentaires en espagnol trouvés sur place. Nous observons les détails, les bas-reliefs et essayons de comprendre cette civilisation passionnante mais encore pleine de mystères.

C'est par la mythique et très visitée Chichen Itza que nous débutons le circuit. Le spectacle "sons et lumières" du soir nous permet de rencontrer le fameux monument sous un magnifique ciel étoilé et de bénéficier de commentaires en français bien utiles pour la suite. Moment magique que l'étoile filante qui semble tomber sur le temple de Kukulcan, en pleine représentation ! Nous comprenons, par le jeu des lumières, le phénomène qui se passe le 21 mars, jour de l'équinoxe : le soleil dans sa lente course vers l'ouest, crée une ombre qui imite un serpent qui ondule et descend du ciel vers la terre pour la fertiliser. Des milliers de personnes viennent assister à ce moment important. Le lendemain, nous sommes à 8h à l'entrée, premières sur le site encore désert. Le temple est là, imposant, au milieu d'un grand terrain vide... pour l'instant !


source image nocturne : http://bjornfree.com/galleries.html

Contrairement aux pyramides, les monuments mayas ne sont pas des tombes, mais des temples dont la large base sert uniquement à porter, le plus haut possible, le sanctuaire où les prêtres officiaient après avoir gravi une volée de marches impressionnantes. Si ce temple date de la période post-classique (900 - 1200 après J-C), un autre plus ancien se cache au-dessous, ce qui est fréquent dans cette civilisation qui ne détruit pas le passé, mais l'utilise, l'aménage, le complète.

Autour de nous, quelques touristes, mais surtout des Mayas contemporains poussant ou tirant des charrettes lourdement chargées et sortant de la forêt voisine des tréteaux pour installer leur stand avant l'arrivée des autocars. Ils rentabilisent la gloire de leurs ancêtres comme ils peuvent, au détriment de la magie du site qui se transforme en foire au long de la journée.

Dans le calme de cette matinée, nous découvrons le jeu de pelote, grand terrain où les sportifs mayas se relançaient la balle avec adresse, sans l'aide des mains et semble-t-il même des pieds (réfléchissez à ce qu'il reste !), essayant de la faire passer au travers des anneaux de pierre disposés sur les côtés du terrain. Comme le vainqueur (ou le vaincu... il y a différentes versions !) était sacrifié, la balle est représentée sur les bas-reliefs avec une tête de mort. Les nobles les encourageaient depuis des loges à chaque bout du terrain.

Nous retrouvons Kukulcan, le serpent mythique de cette époque, ainsi que le jaguar et l'aigle qui dévorent avec appétit les coeurs des sacrifiés sur la plate-forme qui porte leur nom. Le "mur des crânes" voisin est tout aussi sympathique ! Une petite marche nous amène au cenote, énorme puit naturel creusé dans le calcaire, qui était la réserve d'eau des Mayas mais aussi un lieu d'offrandes et peut-être de sacrifices.

Si le "Caracol" n'est pas spécialement bien conservé, son rôle est passionnant. C'était un obervatoire d'où des astronomes calculaient les cycles du soleil, de la lune et de Venus et établissaient le calendrier. Il n'y a que 17 secondes d'écart entre l'année maya et la nôtre! Les ouvertures de la partie supérieure sont placées d'une manière très précise pour permettre l'observation des astres et l'entrée de la lumière à certaines périodes de l'année, spécialement aux équinoxes.

La nature et les éléments sont très importants dans cette civilisation et, dans la partie la plus ancienne de Chichen Itza (600 - 900 après J-C), nous découvrons bientôt Chaac, le dieu de la pluie, représenté par un masque caractérisé par un énorme nez crochu. Les motifs de cette époque, dite Puuc, sont plus géométriques, plus saillants et donnent une allure mystérieuse aux bâtiments.

Depuis midi, la chaleur est presque insoutenable et les groupes de touristes venus de Cancun en car envahissent "notre" site. Nous mettons des appréciations aux guides français que nous entendons, assises à l'ombre devant les monuments. Cela va de "affligeant" à "passionnant". Nous aimerions voir le serpent descendre le long des marches (le phénomène se produit durant quelques jours après l'équinoxe) mais le soleil ne veut pas accélérer sa course et à 15h, nous n'en pouvons plus. Nous retournons à notre jolie posada Olalde à Piste, village proche du site. C'est grâce au Routard, invention contemporaine extraordinaire, que nous avons trouvé ce coin si charmant.

A partir du lendemain matin, nous ne voyageons qu'en bus deuxième (voir 3ème) classe car ils sont plus fréquents. C'est-à-dire qu'on se met au bord de la route, on fait signe au car qui s'approche, on monte, on paie et on s'assied au milieu des Mexicains. C'est parfois (rarement) bringuebalant, parfois un peu lent quand il s'arrête à tous les villages, mais toujours chaleureux et plein de sourires. Nous arrivons ainsi à Mérida et partons à la recherche de notre hébergement. Les mieux placées sont les auberges de jeunesse autour du "zocalo" (place centrale). Mais la visite du dortoir ou des chambres borgnes avec toilettes à l'étage d'en dessous nous a découragées et nous avons pensé que nous avions d'autres moyens de prouver notre jeunesse, comme de traverser Mérida sac au dos par exemple. "C'est tout près... plus que deux rues... on y est..." Pierre vous dira qu'il a l'habitude que je lui annonce 10 miles de navigation et qu'il y en ait 15 ! C'est ma nature optimiste. Maman ne connaissait pas encore et me faisait confiance !

Nous sommes finalement arrivées au musée d'anthropologie, bien climatisé, pour nous remettre de notre exploit. Nous pouvons admirer les statues, statuettes, bijoux, poteries, tous ces objets retrouvés dans les ruines et les cenotes. Le chac mool (autel de sacrifices) provenant de Chichen Itza est splendide. On le verrait bien nous offrir un jus sur son petit ventre plat... (à force de faire des abdos !) mais c'est plutôt des coeurs encore tout chauds qui y étaient posés ! Les mayas avaient aussi développé une écriture combinant des glyphes représentant des mots et des syllabes, et un système de numérotation formé de points et de barres. Ils connaissaient même le zéro, représenté par une conche vide.

Nous optons ensuite pour un départ immédiat par un autre bus pour Santa Elena, où un couple franco-mexicain tient depuis 20 ans les bungalows "Sacbé". Cela nous évitera de nous lever à 5h du matin pour la visite d'Uxmal. Une petite chambre ressemblant à une alcôve nous attend et sa terrasse donne sur un véritable jardin botanique créé avec passion par Edgar, le propriétaire. Malheureusement, nous sommes à la saison sèche et la végétation semble grillée, assoiffée. C'est tout de même bien sympa de partir à la découverte des arbres dûment étiquetés, de se reposer dans un hamac en écoutant les oiseaux et de petit déjeûner au milieu des palmiers.

C'est à nouveau à l'ouverture que nous arrivons au site d'Uxmal, nous retrouvant immédiatement nez à nez avec l'imposant "Temple du Devin" à la base élyptique. Puis c'est le "Quadrilatère des Nonnes" et ses quatre grandes façades à déchiffrer, le long "Palais de Gouverneur", la "maison des Tortues", la "Grande Pyramide". Ces noms ont été donnés par les archéologues selon les décorations ou les ressemblances avec les bâtiments de leur époque. Il ne devait pas y avoir beaucoup de nonnes chez les Mayas !

Partout la nature reprend ses droits : les iguanes se faufilent entre les blocs de pierre et Chaac va éternuer avec ces brins d'herbes qui le chatouillent. La photo, elle, permet de retoucher la nature et de vous présenter une belle image noir et blanc des deux routardes où vous n'auriez vu que deux pivoines écarlates !


Le site d'Uxmal est vallonné et les vues d'un bâtiment à l'autre sont grandioses... surtout quand on fait l'effort, comme nous, de monter toutes les marches. Ce n'est pas très souvent que l'accès à ces escaliers vertigineux est autorisé, il faut en profiter ! Et puis, oh miracle, aucun vendeur à l'horizon. La vente d'artisanat est interdite ici. Quelle paix royale ! Ce site nous enchante et restera pour nous le plus beau souvenir de ce monde maya.


En fin de journée, après un bon repos dans notre alcôve toute blanche, nous marchons jusqu'au village de Santa Elena pour trouver de l'internet et avoir des nouvelles de ce monde qui va mal. Japon, Lybie, tout cela semble irréel et bien éloigné dans ce Yucatan si paisible actuellement. Mais cette région a eu largement sa dose de sang versé à d'autres époques. Quelques cases traditionnelles aux toits de palmes côtoient les petites échoppes et les maisons colorées. Par ici, la majorité des habitants descend des mayas et parle toujours maya même si c'est une version plus moderne, influencée par l'espagnol. Les femmes portent parfois le huipil, tunique blanche bordée de motifs floraux colorés, encore brodés à la main bien souvent et se déplacent plus facilement en bicitaxi qu'en voiture. Nous n'avons pas eu l'occasion de le tester, malheureusement.


Pour notre dernière demi-journée de ruines, nous louons un taxi (la ruine !) pour parcourir la Ruta Puuc. Quatre petits sites d'une même époque, celle du dieu Chaac que nous retrouvons sur tous les bâtiments de Labna, Xchalak, Sahil, et Kabah. Il fait encore bien bon pour rejoindre par le sacbé (route empierrée) la jolie arche de Labna, un peu plus chaud pour admirer le palais de Sahil mais c'est carrément la fournaise, 38 ° en plein midi pour le clou du spectacle, le mur de Chaac de Kabah : 270 masques à moitié en place et à moitié au sol, triés, prêts à être éventuellement replacés. On imagine ainsi le travail énorme des archéologues qui, à partir d'un tas de cailloux, arrivent à restaurer ces sites majestueux. Malheureusement, pas un arbre, pas un parasol face à cette merveille ! On en vient à implorer le dieu de la pluie et à lui demander plus de nuages. Mais il n'écoute pas, fâché certainement que son temple soit en si mauvais état et qu'il ne reste qu'un seul nez entier.


Le bus pour Mérida nous pose cette fois-ci directement à l'hôtel Trinidad, recommandé par notre hôtesse de Santa Elena. C'est une ancienne maison coloniale proche du centre. Comme ailleurs, nous sommes pratiquement seules. Les touristes sont-ils vraiment tous à Cancun ?

Nous repartons rapidement en balade : promenade sur le zocalo où le bruit des oiseaux est assourdissant, découverte de belles façades, de peintures murales, des coupoles de la cathédrale. Nous nous asseyons enfin pour un moment de musique et de danses au Festival de la Trova. Car Merida est une ville musicale. La commune fait beaucoup pour animer la cité et nous en profitons. Avant de repartir, le lendemain, nous mangeons sur la petite place Santa Lucia où tous les dimanches (et aussi un soir de semaine), des orchestres font danser les habitants de la ville. On croit repérer une différence sociale entre ceux qui occupent l'esplanade et ceux qui dansent sur la place elle-même... mais l'entrain et le plaisir semblent identiques. Et notre charmante cuisinière nous fait déguster les spécialités locales : la feuille de nopal (figuier de Barbarie) en salade et le mole, purée de piments au chocolat. Et pour digérer tout cela... allez... encore une petite marche sac au dos en plein midi... Mais oui, on y arrive tout de suite... deux rues dans ce sens puis une dans l'autre... pas la peine de prendre un taxi !


L'escale suivante est sous le signe de la couleur jaune ! Pas de prise de tête quand il s'agit de refaire sa façade à Izamal : le jaune est obligatoire. Le couvent donne le ton et au coucher du soleil c'est simplement magique. Pour une fois, on domine le zocalo et on peut admirer la vie tranquille de ce petit bourg. Les écoliers sont habillés tout en blanc, même les plus jeunes... ils ne doivent pas souvent faire de la peinture et des bricolages ! Mais c'est le lendemain, au marché, que nous ressentons le plus d'émotions en regardant les petits paysans vendre leurs quelques légumes ou fleurs. Nous restons longtemps attablées à profiter de ce moment authentique avant de remonter dans un bus pour Valladolid.


Valladolid, encore une ville coloniale... Depuis Mérida, nous avons quitté le monde maya pour entrer dans le monde des colons espagnols. Je retrouve les couleurs et l'architecture de Saint-Domingue, de San Juan à Puerto Rico, de Carthagène en Colombie ou de Trinidad à Cuba. Les monuments sont religieux, églises ou couvents, comme ici celui, franciscain, de San Bernardino de Siena. Nous nous rafraîchissons d'abord dans la piscine de l'hôtel (aïe aïe aïe, on commence à tomber dans le luxe !) puis sous la verdure du cenote proche du centre. Des jeunes se baignent dans cette eau très claire surplombée par les stalagtites. Le soir, après l'inévitable balade sur le zocalo, nous mangeons dans une des plus anciennes maisons de la ville, reconvertie en hôtel-restaurant. Les tables entourent un patio à la végétation luxuriante et de grands lustres éclairent le tout.

Demain nous retrouverons les eaux turquoises d'Isla Mujeres et notre bel Anegada pour une dernière semaine ensemble. Nous aurons beaucoup de photos à visionner et trier et beaucoup de beaux souvenirs à nous raconter. "Merci ma guide et au prochain épisode ! Car même si je suis assez vexée qu'on me prenne toujours pour ta soeur, je suis très fière de ma maman !"

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