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Turquie - aller et retour entre Bodrum et Finike


Christophe, Bernard, Pierre, Isabelle, Sandra, Nicole. On est en pays musulman... les hommes d'un côté, les femmes de l'autre !

Nous n'avons visité qu'une petite partie de ce grand pays, le littoral entre Bodrum et Finike en aller et retour avec deux équipages différents (et deux jours tous ensemble à Finike). Ce n'est certainement pas très représentatif de la Turquie, mais on peut dire que le tourisme n'a pas abîmé le paysage et pas du tout aigri les habitants. Quel plaisir de se sentir si bien accueillis où que l'on aille : dans les cafés, les restaurants, les commerces, au marché, dans les ports, les turcs essaient de nous comprendre, de nous aider. S'ils ne parlent pas anglais, ils vont chercher un ami pour la traduction. Nous avons appris quelques mots importants "tesekkür", "merhaba", "günaydin"... et ils s'appliquent pour nous en apprendre d'autres. Ensuite, l'anglais prend le relais. Cela donne des choses étonnantes puisque le chiffre 1 se dit "bir", Pierre commande "bir beer" !

J'écris ces lignes au mouillage dans la baie de Marmaris à 22h, à la lampe frontale. La cacophonie ambiante n'aide pas vraiment à faire revenir les images idylliques de ce dernier mois . Mélange de techno à droite, scie ou ponceuse sur la bateau voisin, fanfare à gauche et "bateau dansant" au large ! C'est l'apanage des grands centres touristiques mais ce n'est heureusement pas représentatif de ce que l'on a vécu.

Côté sécurité, c'est aussi le grand bonheur : bateau ouvert toute la nuit et même lorsque l'on descend à terre, pas de cadenas sur l'annexe, jamais de crainte d'être agressé, jamais de regard hostile dans la rue. Il faut dire qu'on avait déjà ce sentiment de sécurité dans les îles grecques.

Dans les petits commerces, les turcs travaillent en famille. La pêche se pratique souvent en couple sur de petites barques. Au café "I am here", la mère prépare des dolmades pendant que la grand-mère crochète un châle à vendre. Le grand-père va nous chercher des fruits, nous fait goûter des caroubes et le père nous presse un jus d'orange. Les enfants, qui sont en vacances, donnent un coup de main, conduisent les barques qui abordent les bateaux pour vendre l'artisanat ou proposent les petits bracelets qu'ils ont confectionnés. Ou alors ils se font un peu d'argent avec leur pèse-personne, comme Serhat, à Fethyie, qui nous a bien fait rire le soir de mon anniversaire : tout en refusant son offre, Bernard l'a envoyé vers un groupe d'anglaises bien en chair et bien en fête. Plusieurs se sont pesées dans de grands éclats de rire et Serhat se tournait discrètement vers Bernard en levant le pouce. Il est venu le remercier ensuite pour son bon conseil et j'ai pris rendez-vous pour le lendemain (après le repas ce n'est pas le moment et je n'ai pas l'appareil de photo !).

Impossible ! je vais me coucher avec la tête sous l'oreiller. Un bateau techno vient de passer à ras le tableau arrière.

Dans certaines baies, ils ont compris que les jolies jeunes filles avaient plus de succès que les vieux édentés pour vendre T-shirt, tapis, fruits, légumes ou pain. Le vendeur de glaces nous a même trouvé dans une baie isolée où nous nous étions cachés. C'était difficile de résister !

Ce n'est pas parce qu'on fait un "petit métier" qu'il ne faut pas se prendre au sérieux : Hagi, le cireur de chaussures de Fethyie, distribue ses cartes de visite : service en une heure, 20 ans d'expérience... Pierre et Bernard se sont retrouvés pieds nus sous la table un bon moment en se demandant s'ils reverraient leurs docksides. Elles sont revenues bien brillantes, aussi éclatantes que le sourire de Hagi, leur nouveau copain.

Ce sérieux se trouve aussi dans les métiers du nautisme, que ce soit dans l'organisation de croisières sur les quelques 5'000 "gulets" que l'on rencontre dans toutes les criques (il semble que toutes ne soient pas recommandables tout de même... si ça vous intéresse, contactez Simone) ou dans la maintenance des bateaux. Pierre a découvert un petit paradis à Marmaris : un quartier avec des ateliers de réparation, entretien, installation de tout ce qu'on peut trouver sur un bateau : voilier, sellier, mécanicien, électronicien, électricien, soudeur, réparateur d'annexe, découpeur de plexi... On retrouve les bricoleurs débrouillards tunisiens mais avec plus de connaissances techniques, du bon matériel et même la ponctualité (bon, pas à l'heure près tout de même, mais au jour près c'est déjà pas mal comparé à la Tunisie). Du coup, on offre une nouvelle grand voile et un panneau solaire à Anegada. Souvenirs de Turquie !

Vous l'avez peut-être compris, c'est par ses habitants que la Turquie nous a le plus conquis. Contrairement à la Tunisie, on ne sent pas trop les contraintes de l'islam. Seul le chant du muezzin nous rappelle, d'une manière plutôt sympathique, qu'on est en pays musulman.

Entre Bodrum et Finike, la côte est très montagneuse, sauvage et couverte de forêts de pins. Comme elle est découpée de profondes baies souvent fermées par des îles, on a l'impression de naviguer dans des lacs de montagne. Dans les petites criques, les mouillages à la turc, la poupe attachée aux rochers ou aux arbres, sont obligatoires. Mais ce n'est pas notre truc ! Pas d'air dans le bateau, les rochers qui emmagasinent la chaleur et nous la restituent la nuit et la difficulté d'aller accrocher les cordages... on a essayé de trouver d'autres solutions quand c'était possible. Il y a aussi quelques belles plages, comme celle d'Ekinçik, sable gris, joli bar et vaches en goguette ou celle de Parmak aux cailloux multicolores... les "mégottes" n'ont pas pu résister !



De l'extérieur, les petites villes de Datça, Fethyie ou Kas ne sont pas jolies. Pourtant on y trouve des endroits sympathiques, des parcs ombragés où les vieux jouent aux dominos ou au backgammon, des petites rues commerçantes avec des balcons fleuris. C'est l'occasion de faire le plein de bons légumes, de fruits, d'abricots secs, d'épices au marché, chez les épiciers ou de faire ses courses à la Migros pour ne pas perdre les bonnes habitudes !!!


C'est aussi le moment de relever les mails comme dans le minuscule café du fumeur de chicha de Fethyie. Christophe et Isabelle sont tout sourire en lisant les aventures de leur fille qui voyage au Costa Rica. Internet est vraiment un moyen de communication extraordinaire.

En face de Kas se trouve Kastelorizo, petite île grecque perdue dans les eaux turques. Pour y passer quelques heures, on change le pavillon de courtoisie, on ressort le bon vocabulaire : efkaristo, kalimera, parakalo... on refait provision de bonne feta et de pâtisseries grecques.

Cette côte turque est surtout riche d'histoire... Les vestiges des anciennes civilisations de Carie et de Lycie,vivant entre 1200 et 600 av. J-C sont légion. Venus d'Anatolie, ils ont construit des villes, fait du commerce et se sont défendus bec et ongles pour conserver leur indépendance. Leurs tombeaux, creusés dans la falaise et leurs sarcophages témoignent de leur admiration pour la Grèce dont ils reprennent des éléments décoratifs.

Dans le golfe de Kekova, les habitants des deux petits villages de Kale Koy (ancienne Simena) et Uçagiz (ancienne Teimiussa) vivent au milieu de ces vestiges avec, sur l'île d'en face, une cité engloutie qu'on devine en longeant la côte en bateau. De nombreux touristes débarquent des gulets et les femmes les attendent au bout des pontons pour vendre leur artisanat ou les accompagner au château byzantin. Dans ce château, on trouve un tout petit théâtre taillé dans la roche. L'ambiance de Kale Koy est étonnante avec cette population qui semble vivre comme dans l'ancien temps alors que les restaurants propose du Wifi et que les touristes envahissent chaque jour les rues. Nous avons heureusement pu monter au château avant le foule et profiter de la vue splendide sur la baie.



Nous avons fait une autre plongée dans le temps dans la cité antique de Caunus à laquelle on accède en bateau (pas le nôtre !) en remontant la plaine alluviale couverte de roseaux. Paysage superbe, surtout le soir au retour. Il reste surtout de Caunos un beau théatre et, plus loin, des tombeaux royaux qui dominent la petite ville de Dalyan.

La chaleur terrible en pleine journée n'était pas propice à beaucoup de visites mais nous avons fait une petite marche, un matin, pour trouver des ruines byzantines en pleine nature au dessus du golfe de Fethyie. Dans une crique du même golfe, c'est un ancien hamman qui a les pieds dans l'eau. Dommage pour toutes ces vieilles pierres de ne pas avoir plus d'explications historiques. La prochaine fois, on invitera un spécialiste de l'histoire ancienne. Là, on avait le spécialiste des moteurs et cela a été bien utile quand celui de l'annexe a refusé de démarrer... c'est une autre histoire !

La météo, enfin, mérite un petit paragraphe : nous avons cru, au début du séjour turc, que les orages allaient être plus fréquents quand nous avons vu un soir des nuages s'amonceler sur le "Jura" (on parle toujours du Jura même s'îl est bien loin !). Fausse alerte ! Nous n'avons plus vu de nuage pendant un mois. Ciel bleu en permanence et chaleur souvent étouffante, même la nuit, puisque nous sommes sortis de la zone du meltem. Jusqu'à 34 à 35 ° dans le bateau la journée. En été, il faut choisir son camp : vent fort ou forte chaleur ? La température de l'eau est montée jusqu'à 32 ° dans le golfe de Kekova ! Plus vraiment rafraîchissante ! On en vient à se réjouir du prochain jour de pluie... le mois prochain, je pense. Côté vent, un bon thermique se levait l'après-midi de l'ouest. Nous avons donc fait de belles navigations sous spi avec Christophe et Isabelle et beaucoup de près avec Bernard et Sandra. Mieux valait partir le matin tôt pour les longs trajets afin d'avancer au moteur en profitant de la mer plate de la matinée.

Je termine cette page à Bodrum où nous avons dû venir pour améliorer le système de lattes sur la nouvelle grand'voile. Nous avons retrouvé notre place au mouillage devant le beau château bâti par les chevaliers de St-Jean. Ils seraient bien étonnés s'ils voyaient le minaret qui a poussé dans la cour et surtout s'ils entendaient le bruit infernal que font toutes les nuits les bars en plein air installés dans les jardins. Nous avons pu faire des comparatifs avec Marmaris... La grande différence, c'est qu'à Marmaris les discos s'arrêtent (ou ferment les portes) à 01h. A Bodrum, c'est à fond jusqu'à 4h au moins.

Quand tout sera en ordre et que M. Meltem se calmera un peu, nous traverserons sur la Crète.

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