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Retour à bord après un été suisse
novembre 2014

31 octobre en Suisse... les gens sont encore en T-shirt dans la rue... été indien incroyable et très apprécié de tout le monde et surtout de nous, pauvres frileux ! Mais demain c'est le départ, le retour à Curaçao où Anegada nous attend sagement (du moins on l'espère).

Je crains un peu ce voyage car nous passons par Londres et Miami. Et je ne vais pas être déçue ! Cela a déjà commencé avec GoVoyage (à éviter absolument !!!) qui ne nous a jamais avertis du changement d'horaire de nos vols. Nous ne partons plus le 31, mais le 1er ! En raison d'un avancement du vol Miami-Curaçao, le temps d'escale à Miami est trop court et nous avons été "éjectés" du système. Je l'ai appris par hasard, en cliquant sur un tout petit lien de mon billet électronique. Dans l'impossibilité de contacter GoVoyage, j'appelle directement le bureau British Airways Suisse qui se révèle super efficace, serviable et tout et tout. Notre plan de vol est refait complètement, avec une nuit à Miami. Le tout sans frais (si, la nuit d'hôtel tout de même). Merci British !

Il y a tout de même une petite bulle, la réservation ne comprend pas nos numéros de billets. Nous attendons 45 min au check in à Genève qu'ils soient retrouvés ! Le cirque continue ensuite à Londres où le contrôle des bagages est si pointilleux qu'un sur deux se retrouve à être fouillé complètement... vidé devant tout le monde jusqu'au fond de chaque poche (heureusement, pour une fois, j'avais fait mon sac à peu près correctement) avec un flegme britannique. 45 minutes d'attente de nouveau ! Nos passeports et visas subissent encore deux passages à la loupe. On sent bien qu'on part aux USA là ! L'ennemi est partout.

Mais le pompon c'est à Miami. La queue pour la douane est gigantesque. On n'a jamais vu ça : 500 à 600 personnes dans la salle qui font le slalom habituel, mais là c'est un Super Super G ! Trois aller-retours de 70 mètres chacun et ensuite une vingtaine de guichets avec 7 - 8 personnes ! Et le temps de passage de chaque personne est de 10 minutes car il faut prendre les empreintes de quatre doigts puis du pouce droit et idem à gauche, plus une photo du visage. Des fois que vous vous soyez fait greffer la main de quelqu'un d'autre pour passer incognito !

Après une demie-heure au pas, à observer nos compagnons d'infortune à chaque croisement, nous remarquons qu'un préposé fait sortir certaines personnes du rang. Je souffle à Pierre de boiter bien bas. Apparemment c'est l'âge qui intéresse le monsieur et il regarde spontanément le passeport de Pierre. Bingo ! Une bonne demie-heure de gagné. Il y a des fois où il faut se réjouir d'être "vieux" !

Mais notre chance ne dure pas. "Notre" douanier est d'une lenteur incroyable. Il baille, regarde ailleurs toutes les 30 secondes et a l'air de s'ennuyer à mourir. Et quand c'est enfin notre tour, je dois recommencer trois fois la prise des empreintes, jusqu'à ce qu'il remarque que l'écran est trop sale (on se l'était bien dit mais faire ce genre de remarque à un douanier américain n'est pas conseillé !). Il part à pas chaloupé chercher de quoi le nettoyer et ose sous-entendre que c'est nous qui avons les doigts sales ! Quand enfin nous pensons pouvoir partir... un autre douanier nous dit de le suivre dans un local à part. Pierre lui demande ce qui se passe mais il répond qu'il n'a pas le droit de nous le dire ! Il y a là une dizaine de personnes qui attendent comme nous et autant de douaniers nonchalants (pourquoi on n'écrit pas nonchaLENT ?), ruminant leur chewing-gum ou suçant une chupa-chup ! Par rapport au sérieux qu'ils mettent à chercher la petite bête, cela nous fait bondir ! Et on se perd en conjonctures : ont-ils découvert les deux saucisses sèches planquées oau fond de notre sac ? Avons-nous trop plaisanté entre nous devant le douanier ? Y a-t-il un problème avec notre visa ? Finalement, après une vingtaine de minutes, on nous annonce que tout est ok et qu'on peut enfin sortir, ceci sans explication bien sûr. C'est peut-être simplement notre passeport à croix blanche qui nous a valu ce contrôle supplémentaire. Histoire de vérifier que nous ne sommes pas sur la liste des banquiers suspects ! Il nous aura fallu deux heures depuis la sortie de l'avion jusqu'à notre hôtel, heureusement proche de l'aéroport.

Cette escale à Miami nous a au moins permis d'avoir un semblant d'hiver... d'utiliser notre polaire que l'été indien a rendu inutile. Car dans ce pays de plages et de palmiers, il fait si froid à l'intérieur des hôtels et de l'aéroport qu'on s'habille comme en hiver... et qu'on attrape le rhume comme en hiver. Sont fous ces Américains ! Fuyons ! Mais l'heure vient de changer et nous n'étions pas au courant ! Punition ! Une heure de plus à attendre dans ce frigo !

Quel plaisir d'atterrir à Curaçao, dans la nuit tropicale, sur un petit aéroport à taille humaine. D'avoir le sourire et la bienvenue du douanier, de louer une voiture en un temps record et d'arriver dans un hôtel splendide en bord de mer, avec un personnel agréable !

Le lendemain, nous retrouvons le bateau sur le chantier de Curaçao Marine. Il n'a jamais été aussi sec. Pas une trace de moisissure mais par contre il est bien poussiéreux. Il faut choisir ! Les batteries sont pleines, ce qui est une autre bonne surprise car nous avions un peu souci de laisser une pompe de cale branchée sur le panneau solaire. Le régulateur a bien régulé. Ouf !

Et maintenant au travail ! Par 33 ° dans le bateau, sans air, on remarque vite qu'on ne sera pas super efficaces ! Heureusement qu'on peut retourner à midi et à 5h dans notre petit paradis avec piscine et climatisation ! Comme nous avons bien travaillé cet été, nous nous offrons ce luxe de ne pas dormir sur le chantier, au milieu des moustiques ! Nous sommes dans le quartier coloré de Pietermaai, au bord de la mer, et l'hôtel est très classe. On regarde le coucher de soleil depuis la piscine à débordement. La vue depuis le balcon est sympa... Va-t-on vraiment retourner vivre en bateau ? On se pose parfois la question !



Surtout que le "travail" ne se déroule pas tout-à-fait comme prévu. Notre safran a du jeu et nous devons changer les bagues en ertalon. C'est à dire démonter tout le système de barre à l'arrière du bateau, dans un coin peu atteignable. Nous l'avions fait au Cap Vert quand notre safran avait cassé, mais nous avions trouvé une perle, José, un jeune Capverdien astucieux et "fit". Nous sommes bien décidés à faire faire le travail par des professionnels et espérons trouver des gens compétents à Curaçao. Mais les hollandais sont trop bien nourris et le patron du chantier nous envoie carrément promener en nous disant que personne de son équipe ne peut entrer dans notre coffre (qu'il n'a même pas vu !) ! J'y arrive bien moi ! Et je ne suis ni petite ni maigre ! Un peu souple... oui ! Donc je m'y colle. Mais je n'ai pas la force nécessaire à dévisser des boulons serrés par la corrosion créée par l'inox au contact de l'alu. On trouve tout de même un jeune sur le chantier... qui n'y arrive pas non plus ! On est prêt à abandonner.

Le lendemain, Pierre va acheter des outils plus efficaces chez Kooyman (il paraît que ça se prononce pas comme vous pensez mais c'est pas grave !) et j'essaie de m'enfiler et me coucher dans le coffre comme le jeune l'a fait hier (il était juste plus petit et plus fin que moi !). J'y arrive en me contorsionnant mais je ne suis pas certaine que je vais en ressortir. Dans cette position, avec l'énergie du désespoir et les bons outils, j'arrive à débloquer les quatre écrous. Victoire ! Mais non ! Cela ne sert à rien car les boulons restent soudés en place ! Impossible de séparer les deux pièces du palier. On tape, on chauffe... le métal comme les esprits, et bien sûr on n'a toujours pas d'aide professionnelle ! Finalement on se dit qu'il vaut mieux renoncer pour cette année plutôt que de casser quelque chose en forçant, dans ce pays où les chantiers n'ont pas l'air d'avoir besoin de travailler et où les pièces arrivent au compte-goutte. Alors on remonte le tout, en espérant ne pas avoir abîmé l'étanchéïté des bagues ! On ne pourra le tester qu'en naviguant.

Dans les points positifs, il y a tout de même la réparation de notre bôme, Cela a été laborieux aussi d'obtenir le soudeur et de lui faire comprendre ce qu'on voulait, mais c'est fait. Et tellement solide que cela cassera certainement ailleurs la prochaine fois ! On attend toujours la trinquette, mal taillée à l'origine, et donnée en mars à la voilerie Doyle pour l'améliorer. Mais le voilier a le chigungunya... Pas de chance !

Après quatre nuits d'hôtel, il est temps de regagner le bord. Anegada a été mis à l'eau et nous pouvons admirer le paysage des raffineries au coucher du soleil depuis la petite marina du chantier. Pas encore le paradis !

Le génois et la grand-voile sont à poste, l'éolienne aussi... On commence à y voir clair dans le bateau. Demain lundi, nous retrouverons le mouillage de Spanish Water pour continuer les nettoyages et les remises en état avec le bateau dans le vent, donc mieux aéré. Et puis là-bas, il y a une petite plage pour remettre les palmes et nager un peu !

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