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Puerto Rico... brièvement

Avec notre retour imprévu sur l'île d'Anegada avec Miti, il nous reste peu de temps pour visiter Puerto Rico et surtout les îles qui en dépendent, Culebra et Vieques, appelées les Vierges espagnoles. Nous effectuons les formalités d'entrée dans ce qui est vraiment cette fois-ci le grand territoire américain par une toute petite porte, le petit bureau du petit aérodrôme de la petite île de Culebra. Pourtant, un panneau à pages interchangeables nous indique que nous sommes en vigilance orange avec "High risk of terrorist attack". On a un peu de peine à y croire ! Nous sommes mouillés devant Dewey, une bourgade endormie sous le soleil, donnant d'un côté sur la mer, de l'autre sur une grande lagune gardée par un vieux pont levis bien rouillé. Entre deux, un canal bordé de mangrove que l'on visite en annexe. On y voit des iguanes et un joli bistro coloré qui nous invite à nous arrêter pour boire un jus. Au bar, un zozie de musicien de ZZTop, longue barbe grise taillée carrée, bandana dans les cheveux, lunettes de soleil... le look ! Du coup, on fait un stop chez la coiffeuse avant de lui ressembler ! Culebra possède aussi quelques lagons turquoises dominés par des belles maisons de week-end de riches portoricains. L'ambiance me fait un peu penser à Pantelleria ou Ponsa en Italie, îles endormies la semaine mais qui bourdonnent le week-end et pendant les vacances. Pierre, lui, y voit Pittwater dans la baie de Sydney et ses maisons en bois et tombe amoureux d'une cabane au bord de l'eau ! Chacun ses références...


Après deux jours dans le lagon d'Almodovar où nous sommes au moins six bateaux à nous abriter derrière la barrière de corail, et une révision totale du désalinisateur, nous partons pour Vieques.

Et là, nous débutons un week-end un peu étrange, dominé par le sentiment d'être au mauvais endroit, surveillés en permanence. Un bateau allemand, Elan, est avec nous le premier jour dans la baie Salinas. Les guides nautiques et sites de navigateurs indiquent que cette baie est jolie, bien abritée mais qu'il ne faut pas dépasser la limite de la plage lors des promenades car toute cette zone est de Vieques a été longtemps le terrain d'entraînement militaire des américains. Ils y ont préparé entre autres les guerres du Vietnam et du Golfe. A cette époque, on ne pouvait venir qu'épisodiquement dans la zone, en dehors des périodes de tir et avec autorisation de l'armée. Depuis 2004, sur pression des habitants de Vieques, les opérations ont cessé et en 2007 le déminage a commencé. Nous avions donc lu que nous pouvions utiliser librement ces mouillages. En snorkelant, nous remarquons des épaves et des coraux un peu spéciaux au fond de l'eau... Une jeep passe régulièrement sur le chemin en bord de plage et nous observe, nous photographie même. Mais aucun appel à la VHF. Nous discutons avec les allemands qui se posent aussi des questions et pensent que c'est parce qu'ils n'ont pas pu avertir les coast guards de leur arrivée sur Vieques, ce que nous avions fait par Iridium. Le lendemain, nous changeons de baie et nous ancrons dans Icacos, au nord de l'île, derrière une barrière de corail. Magnifiques eaux turquoises que nous partageons avec cinq bateaux à moteur portoricains puisque c'est dimanche. Leurs enfants jouent et courent sur la plage, mais à nouveau la jeep arrive et leur distribue un papier. En fin d'après-midi, nous nous retrouvons seuls et en voyant le même véhicule nous observer longuement, nous craquons, montons dans l'annexe et allons demander ce qu'il se passe. Nous recevons alors un feuillet où il est indiqué que c'est très dangereux de se mouiller par là car il y a encore beaucoup d'explosifs non désactivés. Le ranger nous montre des alignées de petits drapeaux dans les talus et nous explique qu'ils signalent des explosifs plus ou moins dangereux selon leur couleur jaune ou rouge. La semaine, des équipes procèdent au déminage du terrain mais dans l'eau rien n'a été fait pour l'instant. Comme il est un peu tard pour bouger et que notre ancre est déjà plantée, nous décidons de rester jusqu'au lendemain. Un snorkeling sur l'îlot voisin nous permet de rencontrer le seigneur des mers, un beau requin de récif qui passe lentement à côté de nous. Lundi matin, nous n'avons même pas le temps de finir de déjeûner qu' une voiture nous fait des appels de phares, nous klaxonne (mais toujours rien à la VHF !). Nous avons compris... nous levons l'ancre et rejoignons le capitale de l'île, Isabel Segundo. En quittant Puerto Rico, nous parlerons de cette expérience à la douanière (sympathique, la même qui a fait nos entrées à Culebra) en disant que nous aurions aimé recevoir ce papier nous mettant en garde avant d'arriver à Vieques et non une fois sur place. Elle n'avait jamais entendu parlé de ce document, était étonnée mais allait se renseigner.

A Isabel Segundo, nous retrouvons cette ambiance un peu étrange et hors du temps ressentie à Dewey. Nous mettons l'annexe au ponton des pêcheurs qui ramènent des quantités de vieilles, de langoustes, de lambis. Nous nous achetons une belle langouste. A la boulangerie, nous nous étonnons de devoir recevoir le pain à travers les barreaux et demandons s'il y a vraiment autant de risques. La vendeuse éclate de rire et nous répond que c'est juste pour que les clients fassent la queue car sinon, comme tout le monde se connaît et se sent vite chez soi, ils entrent par une porte ou l'autre, vont derrière le comptoir et envahissent la magasin. Les portoricains de la rue sont sympathiques et répondent volontiers aux sourires, aux saluts ou aux quelques paroles que nous tentons en espagnol.

Beaucoup de bateaux font la côte sud de Puerto Rico mais Pierre rêvait de visiter les grand shipchandlers américains et avait encore quelques achats à y faire. La zone de l'île dédiée au nautisme est au nord-est, à Fajardo. Après une première une nuit à l'île Paloma, nous rejoignons le mouillage bien abrité de Las Isletas, en face de Fajardo. Le cadre est moins joli qu'à Paloma et cela faisait bien longtemps qu'on avait pas vu d'aussi gros immeubles, mais un petit ferry permet de rejoindre Fajardo en laissant l'annexe en sécurité au pied des tours. Nous louons une voiture pour deux jours. Cela n'est pas suffisant pour avoir une bonne idée de cette grande île qu'est Puerto Rico mais nous pouvons ainsi visiter San Juan et un bout de la côte est, et aussi profiter des gigantesques supermarchés de l'intérieur pour préparer l'approvisionnement en vue de nos deux mois à Cuba.

San Juan est à 40 km mais la circulation sur ce grand axe est très dense. Dans les bouchons, on apprécie encore plus notre vie de marin ! Et quand il s'agit de trouver une place de parc dans le vieux San Juan, on se dit que jeter l'ancre est bien plus facile ! Nous nous baladons à travers les rues en admirant les maisons coloniales bien restaurées et colorées. Il fait si chaud que nous n'avons pas le courage de traverser la grande plaine pour visiter le fort qui garde l'entrée de la baie. Plusieurs paquebots sont à quai et nous retrouvons les touristes entrevus dans toutes les îles des Antilles. Nous suivons la même route !


Sur l'île, il faudrait aussi visiter El Junque, la forêt tropicale de Puerto Rico, qui est la seule du territoire américain. Mais les nuages s'y accumulent et le temps nous manque. Le lendemain nous allons au sud où une route panoramique est indiquée, passant soi-disant par un village agricole au milieu des champs de canne à sucre. Nous sommes déçus par les paysages. Les maisons ne sont pas jolies, les grillages au fenêtres leur donnent des airs de prison. Nous nous demandons quel effet cela fait d'être en permanence derrière des barreaux. Pourtant ici personne ne doit faire la queue ! Heureusement nous trouvons un restaurant sympa pour midi, dominant une grande plage sauvage. Nous ne restons décidément pas longtemps loin de la mer !

Côté marinas et shipchandlers, c'est la déception aussi. West Marine, dont Pierre rêvait, n'est pas très grand et les prix ne sont pas aussi intéressant qu'à St-Martin. Les marinas ne sont que des parkings à bateaux (à moteur surtout), impressionnants, mais sans l'animation et les services qu'on espérait. Côté avitaillement toutefois nous ne sommes pas déçus et nous chargeons Anegada de victuailles, de produits d'hygiène et de nettoyage divers, tant pour nous que pour donner aux cubains ou échanger contre des langoustes !

Comme un front froid est annoncé, nous nous calfeutrons dans le bateau pendant deux jours tout en nous préparant au départ : vidange moteur, rangements, internet, soirée vidéo... Nous récupérons 70 litres d'eau de pluie et apprécions que le bateau soit bien rincé. Une amélioration est prévue pour le lundi matin et nous allons faire les papiers à la douane le dimanche à 16h car nous voulons partir à l'aube pour les 215 nm que nous devons parcourir. Pendant la nuit, il pleut toujours et surtout les rafales sont encore fortes. Je gamberge un peu car cela fait plus d'une année que nous n'avons pas navigué de nuit. Je suis la reine pour me faire un cinéma catastrophe... pas besoin de Spielberg ! D'autant que vers 3h un bruit bizarre vient augmenter le suspens. Je me lève d'un bond pour découvrir un bateau fantôme, sans personne à bord, juste à côté de nous. On dérape !!! Après deux secondes de réflexion, je comprends que c'est plutôt son ancre qui a lâché et qu'il recule rapidement. Il a dû heurter notre chaîne et va heureusement s'arrêter un plus plus loin, grâce à l'un des nombreux hauts-fonds de la baie. Emotion... Nous nous levons quand la nuit est encore noire et pour moi le courage n'est pas au rendez-vous. Mais si on attend, le vent va tomber complètement, ce qui n'est pas mieux quand il s'agit de faire 36 heures de navigation. Alors nous sortons les cirés (eh oui ! et ils sentent le moisi !) et les gilets. En fait, après une heure de moteur face au vent et à de grosses vagues à la sortie de la baie, nous ferons une navigation tout à fait agréable par le nord de Puerto Rico. Un peu trop calme même puisque, pendant le dernier tiers environ, nous avons dû appuyer au moteur poour arriver de jour à Santa Barbara de Samana en République Dominicaine.

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