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Nevis, un petit paradis... fiscal

En manque de découvertes, j'ai prévu une viste à Nevis, une des rares îles antillaises que nous n'avons pas encore explorée alors que nous nous sommes arrêtés deux fois à St-Kitts, sa voisine. Pierre n'est pas enthousiaste car il pense qu'il n'y a pas de bon mouillage à cette saison. C'est vrai que l'île est toute ronde, dominé par un volcan souvent coiffé de blancs nuages. Christophe Colomb, lors de son second voyage, l'a appelée Nuestra Señora de las Nieves pour cette raison, ce qui a été raccourci en Nevis, plus commode ! J'ai donc compulsé les guides, les sites internet et... tenu bon ! Cap sur Nevis après notre réveillon à Antigua.

Comme une grosse houle du nord sévit encore, nous ne prenons pas de risque et passons une première nuit sous le vent de St-Kitts. Shitten Bay est sauvage, bien abritée avec des pâturages et des chèvres acrobates à admirer au coucher du soleil. Cela nous rappelle la Grèce. En plus, le snorkeling est correct, ce qui arrange Pierre qui est en manque.

Le lendemain, nous traversons les "Narrows", le chenal très venté qui sépare les deux îles et mouillons devant Charleston. La ville me plaît tout de suite avec ses vieux bâtiments coloniaux bien restaurés. Le 1er étage est en pierres volcaniques, le second en bois, peint de jolies couleurs et décoré de frises dans le style appelé "gingerbread". Nous effectuons les formalités et découvrons que si St-Kitts et Nevis font partie d'un seul pays, paradis fiscal soit dit en passant, les îles sont des soeurs ennemies et Nevis parle quelques fois même d'indépendance. On devra donc annoncer notre départ de Nevis et obtenir un permis pour aller sur St-Kitts !


Au mouillage, nous remarquons vite que, comme le dit notre chauffeur de taxi, Nevis a moins de touristes mais des touristes plus riches ! C'est vrai que le prix de la cabine doit être un peu différent sur Salperton, Talitha ou Serene que dans le paquebot entrevu à St-Kitts lors de notre départ. Quant au chauffeur, il est un peu surpris et déçu de tomber sur des Suisses qui négocient le prix de tour de l'île. Du coup on le fait un peu au pas de course... mais cela en vaut la peine !


Nevis portait le surnom de reine des Antilles car elle était très productive et donc riche. Les plantations de sucre ont succédé à celles d'indigo, de tabac, de coton des premiers temps. A l'époque de l'esclavage, les bateaux négriers débarquaient leur triste cargaison sur l'île et on peut encore voir quelques cailloux de l'ancien marché aux esclaves où les îles voisines venaient s'approvisionner. Les plantations ont disparu mais certaines maisons de maîtres ont été très bien restaurées et transformées en hôtels luxueux. Grâce à notre taxi, nous avons pu en visiter trois, chacune dans un style différent.

Montpelier, toute en pierres volcaniques, est un mélange très chic de classique et de moderne. Plusieurs énormes roues dentées, vestiges des anciens moulins à sucre, sont utilisées dans le décor. C'est là que l'amiral Nelson a célébré son mariage avec Frances Nisbett, une jeune veuve de l'île. C'est aussi là que la princesse Diana venait se reposer.


Hermitage, plus cosy, donne un superbe exemple de la construction en bois type gingerbread. On imagine effectivement facilement la sorcière dans sa maison en pain d'épice ! Il semble que la partie principale (photo de gauche), qui date de la fin du 17ème siècle, soit la plus ancienne maison en bois subsistant aux Antilles. On se croirait chez nous avec ces tavillons !

Golden Rock appartient à un couple d'artistes new-yorkais qui a repris ce domaine dernièrement et y a ajouté sa touche avec force architectes, décorateurs et paysagistes renommés ! Si les terrasses, étangs artificiels et petits kiosques nouvellement créés font un peu pompeux, la végétation est absolument magnifique et bien mise en valeur par le rouge des portes, parasols, barrières et autres volets.



De là on pourrait, avec de bons genoux, monter sur le volcan, profiter de la forêt tropicale et voir les nombreux singes, amenés vraisemblablement par les français à l'époque où ils se disputaient l'île avec les anglais. Nous n'en verrons que quelques pauvres exemplaires à St-Kitts, affublés de pampers pour ne pas salir les touristes qui débarquent de leur paquebot.

Le tour de l'île n'a pas vraiment d'autre attrait et ne fait que 25 km environ. Au nord-est de l'île, on croit arriver à l'aéroport... mais non ! En 2008, le premier ministre de l'île a décidé de créer une piste de dragster de 400m afin que les jeunes (et moins jeunes) puissent assouvir leur soif de compétition et de vitesse ailleurs que sur les routes publiques. Elle est ouverte à toutes sortes de véhicules, motos, quads, voitures préparées et dragsters. Des entraînements ont lieu chaque mois et quatre fois par année des compétitions internationales sont organisées. On avait aperçu une voiture incroyable sous une bâche à la douane en Dominique et on se demandait qui pouvait bien rouler avec cela, et surtout où ? Les routes des îles sont plutôt tortueuses et en mauvais état. Nous avons la réponse maintenant !

Pendant que Pierre explore les supermarchés, je fait une visite au petit musée situé dans la maison natale de Alexander Hamilton, deuxième personnage important de l'île avec l'amiral Nelson, et qui devint à la fin du 18ème siècle le premier secrétaire au trésor des USA, sous Georges Washington. Mais le musée est décevant. Le supermarché était intéressant paraît-il, mais très éloigné et c'est un américain habitant Nevis et possédant un voilier qui a reconnu le navigateur épuisé le long de la route et l'a pris dans son pick-up !

Le vent fort se prolongeant, notre mouillage se remplit petit à petit car il n'est finalement pas rouleur. Nous palmons jusqu'à la plage et découvrons une série de petits bars très sympas à côté du Four Seasons. Cela mériterait une sortie nocturne mais l'atterrissage en annexe avec des vagues n'est pas notre spécialité, surtout de nuit ! La vie en bateau n'a pas que des avantages ! Et puis c'est le moment de retraverser sur St-Kitts pour faire un peu de snorkeling, quelques courses et les sorties du territoire. En ville, je constate que la famille a toujours pignon sur rue (le nom de jeune fille de ma mère est Delisle !). Nous réussissons à acheter des pamplemousses de la Dominique à Jean-Baptiste, établi depuis vingt ans à St-Kitts mais qui parle encore un français/créole très compréhensible.

Chaque semaine, un bateau arrive de la Dominique chargé de fruits et légumes bien appréciés de ce pays qui cultive maintenant surtout le touriste et l'immobilier. Si vous investissez au minimum 350'000 US$ à St-Kitts et Nevis, vous recevez le passeport automatiquement ! Et le gouvernement, propriétaire des grandes cultures de canne à sucre, a décidé en 2005 de les abandonner ! On ne sait pas par quoi cela sera remplacé mais en longeant la côte sous le vent, on remarque que les magnifiques champs (photo de gauche de 2005) sont maintenant parsemés d'arbres et que la forêt semble reprendre son droit. Le petit train qui transportait la canne est devenu une attraction touristique et fait le tour des sucreries qui sont devenues les vestiges d'un passé glorieux.

Et pour finir... une histoire de fous ! A Nevis, nous avons la visite d'un jeune fou. Comme je peux m'en approcher à 50 cm et presque le toucher, j'en déduis qu'il est très fatigué et le laisse tranquille après m'être assurée qu'il est au-dessus de l'eau et ne va pas salir notre pont si jamais... Un peu plus tard, en lui faisant une petite visite, on remarque qu'avec le vent, le pont est tout de même bien crêpi... alors on le fait gentiment s'envoler ! Les fous sont, avec les pélicans et les frégates, les oiseaux qu'on rencontre le plus souvent. Ils volent au ras des vagues pour pêcher, leurs ailes frôlant l'eau. En navigation, au large de St-Kitts, un adulte vient se positionner à notre vent, à mi-hauteur du mât, en vol stationnaire, pour observer les poissons volants dérangés par notre passage et leur fondre dessus. Il fait ensuite un tour du bateau, rase l'étai et revient se placer. On craint à nouveau qu'il se lâche car on n'aurait pas le temps de sortir le parapluie ! Et les vieux fous ? Ils se paient 140 nm de navigation et une nuit dans 25 à 30 nds établis et une belle vague de travers jusqu'aux Vierges Américaines ! Histoire de se prouver qu'ils restent jeunes !

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