La pêche au marlin

Prenez un pierre-pêcheur (le martin-pêcheur est un peu petit pour le marlin), mettez-le sur un fier voilier, sur une mer si possible déchaînée, proche de la Sicile, à la tombée de la nuit... Comme par hasard, au moment où il va se reposer à l'intérieur, le sifflement du moulinet retentit. Pas facile pour la co-équipe-pierre de ralentir le bateau, réveiller le pierre-pêcheur et tenter de bloquer le moulinet. La bagarre est féroce, centimètre par centimètre le fil s'enroule. La canne plie tellement qu'on a peur pour elle. Bien harnaché dans son gilet et attaché au bateau, le pierre-pêcheur s'acharne. Après une demi-heure environ, la bête apparaît : longue, argentée, un rostre court, c'est un marlin de Méditerranée. Il a l'air bien fatigué et se laisse remonter sans gros problème à bord. Un coup de whisky dans la gueule (on garde le rhum pour nous !), un coup de manivelle sur la tête et il ne bouge plus. Photos, mesures, il fait deux mètres. Vu la nuit qui est tombée maintenant et la fatigue des pêcheurs, il attendra dans le cockpit. C'est au petit matin, dans une mer toujours aussi forte, que le capitaine sort son grand couteau et tranche le bel animal en trois tronçons. Boucherie dans le cockpit, suivi d'un grand rinçage à l'eau de mer... le frigo est plein ! Une dizaine de kilos à nous deux, cela va être difficile... on va distribuer.

A l'arrivée à Zakynthos, le responsable du port s'occupe de nos papiers d'entrée en Grèce. On lui offre un des tronçons. Cela ne l'empêche pas d'essayer de nous arnaquer et nous faire payer deux fois le transit log. Nos voisins hollandais sont très heureux de recevoir deux beaux filets. Ils viennent nous remercier, nous dire qu'ils n'ont jamais mangé de poisson aussi bon et nous demander des tuyaux pour la pêche. C'est fou le nombre de personnes qui nous disent essayer de pêcher mais ne jamais rien attraper. On ne s'improvise pas pierre-pêcheur !

Et nous ? Nous nous régalons de "Filet de marlin à la vanille" "Tartare de marlin", "Brochettes de marlin à la libanaise", Salade mêlée aux restes de brochettes de marlins à la libanaise" et nous testons les conserves de marlin à l'huile d'olive. On vous en dira des nouvelles.

Epilogue 1... Reste à nettoyer le frigo de fond en comble pour se débarrasser des derniers souvenirs olfactifs de cette belle pêche.

Voici le faux poulpe en caoutchouc qui a leurré notre touche. Pas malin le marlin !

Epilogue 2... Vous devez vous dire qu'un pierre-pêcheur à bord est une bonne affaire et que le poisson ne nous revient pas cher. Détrompez-vous ! On passera sous silence le tiers de bouteille de whisky gaspillé en essayant d'en mettre trois gouttes dans la gueule du poisson sur une mer agitée mais on n'oublie pas la grosse bête qui a emporté le rapala à 20 euros et tout le fil du moulinet lors de la traversée précédente. C'est bien au marché de Monastir que le poisson est le plus avantageux. Alors on n'est pas prêt de faire fortune et d'être coté en bourse (cf. ci-dessous, une autre histoire de pêcheur trouvée un jour sur un site).

Le pêcheur mexicain

Au bord de l'eau dans un petit village côtier mexicain, un bateau rentre au port, ramenant plusieurs thons. Un Américain complimente le pêcheur mexicain sur la qualité de ses poissons et lui demande combien de temps il lui a fallu pour les capturer.
" Pas très longtemps ", répond le Mexicain.
" Mais alors, pourquoi n'êtes-vous pas resté en mer plus longtemps pour en attraper plus? " demande l'Américain.
Le Mexicain répond que ces quelques poissons suffiront à subvenir aux besoins de sa famille.
L'Américain demande alors : " Mais que faites-vous le reste du temps? "
" Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir, je vais au village voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J'ai une vie bien remplie ".
L'Américain l'interrompt : " J'ai un MBA de l'université de Harvard et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps.Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter un plus gros bateau. Avec l'argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez enacheter un deuxième et ainsi de suite jusqu'à ce que vous possédiez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire,vous pourriez négocier directement avec l'usine, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, Los Angeles, puis peut-être New York, d'où vous dirigeriez toutes vos affaires. "
Le Mexicain demande alors : " Combien de temps cela prendrait-il? "
" 15 à 20 ans ", répond le banquier américain.
" Et après? "
" Après, c'est là que ça devient intéressant ", répond l'Américain en riant." Quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions ".
" Des millions? Mais après? "
" Après, vous pourrez prendre votre retraite, habiter dans un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos petits-enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis.

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