Accueil
Le bateau
Les capitaines
Les voyages

Pour voir un autre voyage, utilisez ce menu...

Le Marin

Le Marin... un nom prédestiné pour les marins que nous sommes devenus... Quand nous sommes aux Antilles, revenir au Marin, c'est un peu revenir à la maison, retrouver ses habitudes et son confort.

Cette petite ville se situe au sud de l'île, au fond du Grand-Cul-De-Sac-Du-Marin, une baie intérieure fermée par une langue de sable occupée par le Club Med, emcombrée de nombreux hauts-fonds et bordée de mangroves. C'est donc un endroit très protégé de la mer (mais pas des moustiques...), un "trou à cyclones" où les bateaux sont toujours venus se mettre à l'abri. Une marina y a été construite en.. Elle compte actuellement 700 anneaux et il y a à peu près autant de bateaux sur bouées ou à l'ancre dans la baie, sans compter ceux à terre dans les chantiers voisins. C'est dire qu'on est pas tout seuls !
En dehors des nombreux bateaux de location (environ 10 compagnies !), la plupart des bateaux sont des voiliers de croisière de taille moyenne, venant pour certains de traverser l'Atlantique, partis pour une année sabbatique ou un tour du monde, ou ancrés dans la baie depuis longtemps si leur propriétaire a trouvé un job à terre. Sur un bateau voisin, un père a l'air de vivre seul avec sa fille qu'il amène à l'école tous les matins. Sur un autre, Alex vit depuis une trentaine d'année en gagnant sa vie de port en mouillage comme frigoriste. Il a remis en état notre frigo récalcitrant de 19 ans d'âge. On peut même l'utiliser comme congélateur maintenant ! On trouve parfois un maxi-yacht, mais ils sont plutôt plus au nord, à St-Martin, St-Barth ou Antigua. Et puis il y a les originaux... sortis directement de "Pirates des Caraïbes" !
Le Marin, c'est donc un des passages obligés des marins aux Antilles. En plus des shipchandlers, on y trouve de nombreux artisans pour réparer tous ce qui casse, ou tombe en panne, inévitablement, sur un bateau : atelier de mécanique, d'électronique, d'informatique, de menuiserie, spécialistes du polyester, de l'alu, de l'inox, des voiles. Il y a des perles comme Jacques, chez Diginav, qui diagnostique les pannes juste en discutant avec vous et les répare pour un prix défiant toute concurrence. Il a déjà vu passer notre téléphone satellite Mini-M, la VHF, le pilote (et nous allons lui amener le deuxième pilote). Complètement débordé, il a toujours le mot pour rire et la solution aux problèmes. Il a même trouvé, dans ses stocks, un moteur d'occasion pour le guindeau (servant à remonter l'ancre et la chaîne) que Pierre et Bernard ont dû bricoler à l'africaine car il était un peu trop grand.
Au niveau pratique, nous sommes heureux de retrouver le kiosque à journaux, le café serré et la baguette croustillante. La laverie est aussi un endroit incontournable : impressionnant de voir les piles de linge sale entassé de toutes parts. Les machines tournent non stop et les doudous plient et repassent à tour de bras dans une chaleur étouffante.
Pour simplifier les choses, sur Anegada c'est le vent qui sèche et repasse le linge. Il ne reste plus qu'à le plier.
Le confort pour le marin, c'est aussi de faire son courrier ou appeler la famille par skype, bien installé avec un verre au Mango Bay, où le Wifi est gratuit, ou dans un cyber des environs.
Et le must, c'est de faire un approvisionnement conséquent sans avoir besoin de louer une voiture ou prendre un taxi : Leader Price s'est installé près de l'eau et a construit un ponton permettent de décharger directement le caddy dans l'annexe.
L'annexe, c'est notre voiture actuelle. Pierre, suivant son habitude, envisage de la changer bientôt pour une L9 de chez Caribe (équivalent à la M3 de chez BMW). Non pas qu'elle manque de puissance, cela fait déjà une année qu'il a changé le moteur, mais parce qu'elle n'est pas assez grande quand nous sommes six. La douche est alors garantie quand on va à terre avec du vent de face ou de côté. Sandra a inauguré, le soir de Noël, une tenue spéciale embruns pour arriver à terre plus ou moins sèche.
Si la rue principale du Marin est souvent embouteillée (il faut dire que Le Marin est un peu un cul-de-sac tout au sud de l'île, près de la magnifique plage des Salines que tout le monde veut voir), les "parkings" des annexes le sont aussi et certains jours on peine à retrouver son véhicule et à sortir de la place.
Un seul point négatif au Marin, l'eau n'est pas turquoise ! Alors on se déplace de un mille (1,8 KM) pour se mouiller devant Ste-Anne, comme si l'on partait à notre résidence de campagne. Le trajet est court mais périlleux, mieux vaut être attentif au balisage des hauts-fonds: vert à droite et rouge à gauche pour sortir, c'est le contraire de chez nous et ça trompe.
Nous étions tellement impressionnés de voir le jet d'eau que le Club Med met en marche toutes les heures... tellement émus de se sentir un peu à Genève... tellement occupés à le photographier... que nous avons passé du faux côté de la verte ! Arrêt immédiat contre un haut-fond heureusement mou. Résultat : plus d'antifouling sur les dix premiers centimètres du bas de la quille, rien de grave. "Quel couillon" aurait dit Steve Ravussin.
Ste-Anne est un lieu très touristique mais en même temps très traditionnel. Petites cases serrées les unes contre les autres, marché coloré, animé par les doudous souriantes ventant leurs liqueurs de "bois bandé", "pète-braguette" ou "redresseur de zizi", leurs épices, fruits, légumes et fleurs tropicales.
A Noël (Nwèl en créole), Ste Anne perpétue la tradition de la crèche vivante et la question au village était de savoir si le petit Jésus serait une fille ou un garçon cette année ! Ensuite, tout le monde va à la messe dans la belle église fraîchement restaurée. Enfin... presque tout le monde car il y a ceux, comme nous, qui vont se restaurer eux-mêmes. Au Coco Neg, nous avons mangé des plats traditionnels de cette période : les petits pâtés cochon, le jambon de Nwèl, les boudins et autres délices.
Enfin, à Ste-Anne se trouve notre bar fétiche, où nous venons boire le Ti-punch et manger des accras à chaque occasion depuis notre première traversée fin 99. "Chez la Martine" est une véritable institution : d'un côté un petit bar avec quatre tables en formica, au milieu un mini magasin avec une grosse balance, à l'autre extrémité la cuisine où les filles de "la Martine" s'affairent autour de leurs marmites à accras. Enfin devant, à même la ruelle, quatre tables rondes de jardin où les clients attendent impatiemment les meilleurs accras de Ste-Anne (et plus peut-être !). Assise dans un coin, la Martine, vu son grand âge, ne peut plus que surveiller attentivement la bonne marche de son commerce au travers de lunettes presque aussi grandes que les créoles qui pendent à ses oreilles.
Du reste je vais m'arrêter là, car nous y allons tout de suite pour fêter, tristement, la dernière soirée de la famille Thuner à bord. Puisque je vous ai mis en appétit, je vous laisse un bon sandwich local ! Nous, nous n'avons pas osé goûter !

Retour