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Grèce - Dodécanèse

Pierre en avait assez des îles pleines de "kayoux" (accent Cabrel s.v.p.). Ses genoux demandaient grâce après toutes ces choras et ces monastères. On a opté pour le changement... Le Dodécanèse, plus à l'est. A l'arrivée, après 40 milles de navigation au deux tiers sous spi, on trouve Patmos. Il semble effectivement que la végétation soit un peu plus présente. Mais que voit-on sur la colline ? Une chora... dominée par le monastère St-Jean. Ce ne sera pas encore le repos pour ces pauvres genoux ! A la différence des Cyclades, les maisons sont cossues, les encadrements sont en pierre de taille marquées de la croix de Malte. Construit au XIème siècle par le moine Christodule en l'honneur de St-Jean-le-Théologien, le monastère est un des sept lieux de pélerinage important d'Europe. La promenade autour du monastère par les petites ruelles de la Chora avec la vue sur l'île, très découpée, est un régal.


Fidèles à notre habitude d'aller où le vent nous pousse, nous découvrons ensuite Leros, île aux parfums d'Italie. En effet, Lakki a servi de base navale aux italiens pendant la seconde guerre mondiale. Nous avons surtout apprécié Pandéli, un joli petit port à l'est de l'île, surmonté par des maisons colorées aux tons pastels et par un château. A Platanos, capitale de l'île, les vieux sont assis aux terrasses et nous saluent d'un puissant "kalimera" mais cela ne suffit pas à ouvrir les portes !!! Nous découvrons aussi le chantier Agmar, tout au nord de Leros. Magasin d'accastillage impressionant, personnel sympathique. Pierre y trouve de quoi réparer deux pompes en panne que nous avions gardé à tout hasard. Nous y reviendrons une semaine plus tard en panne d'alternateur et serons enchantés de leurs services : 8h30, demande d'un électricien pour examiner le problème, 9h30 il est à bord, 10h00 on repart avec un problème résolu. Chapeau !

Kalymnos, plus au sud, nous accueille dans un cadre on ne peut plus "kayouteux". Mais quand le soleil embrase les montagnes entourant la baie d'Emporios, c'est magique. Heureusement que les "tavernas" installent des bouées devant chez eux car il serait difficile de mouiller l'ancre vu la profondeur de la baie. Alors, bien entendu, on va leur rendre visite ! Légumes farcis, dolmades, keftedes... Miam !

Nous remontons ensuite sur l'île de Lipsos, petite et authentique... mais tous les habitants ont l'air de se lancer dans l'immobilier. Après les "room to let", voici les "land to sold". Nous rencontrons Steve et Ana, un couple de Nvlle Zélande qui cherche justement un terrain. Elle est d'origine grecque et le parle couramment. Les prix leur paraissent tout de même prohibitifs et ils essaient de s'imaginer l'île dans quelques années quand tout sera construit. Aura-t-elle encore cette authenticité ? Nous passons quelques bons moments avec Ana et Steve qui est tout content (comme nous) de trouver quelqu'un pour parler anglais, régate et... Coupe de l'America.

Mais il est temps de descendre sur Kos pour accueillir Marcel et Ernestine. Le lendemain de leur arrivée, la génératrice a senti qu'un mécanicien était à bord et nous a fait une petite poussée de fièvre ! Marcel a pris ma place dans le compartiment moteur. Le meltem s'annonce. Nous avons la chance de ne pas l'avoir ressenti trop fort, contrairement à nos amis de Samirena, bloqués à Mykonos pendant une semaine. Nous sommes en bordure de la "dépression" sur la Turquie. On aimerait bien envoyer des "dépressions" comme celle-ci en Suisse : le baromètre baisse un peu, indique des nuages et même de la pluie puisqu'il a été conçu pour cela... mais toujours rien à l'horizon. Si... un jour a été particulièrement nuageux... j'ai fait la photo pour m'en souvenir !

Mais pour notre première traversée à quatre jusqu'à Astipalaia, le meltem est bien là ! 25 à 35 nds, grosses vagues de travers ou même de face car un peu désordonnées. Les 25 milles sont vite parcourus mais l'accueil, sous l'île, est brutal, 40 nds. On roule et affale en vitesse en se demandant si on va trouver un mouillage abrité. La mer est blanche d'écume. Arrivés dans la baie de Maltezana, aux reliefs moins escarpés, le vent est fort mais régulier. On mouille une grande longueur de chaîne dans du sable et on est tranquille pour la nuit. Le lendemain, nous visitons le jolie chora d'Astipalaia, qui monte doucement du port au château vénitien, dont la particularité est d'avoir des habitations comme mur d'enceinte. En arrivant, la vue sur la décharge fumante et les sachets plastiques qui s'envolent aux alentours et retombent dans la mer est moins plaisante !

Lors de cette croisière, nous retournons aux endroits que nous avons appréciés, Patmos, Kalymnos et Leros où nous trouvons un beau mouillage sous le vent de l'îlot Arkangelos, au nord de l'île. A terre, nous rencontrons un berger venu abreuver ses chèvres et leur distribuer un peu de maïs. Dommage, une fois de plus, de ne pas pouvoir se comprendre ! Nous découvrons aussi Marathou, un autre petit îlot qui devrait être idyllique selon le guide. Mais le nombre de bouées placées par les trois tavernes attire du monde. Nous n'avons pas fait de mouillage aussi encombré depuis bien longtemps. Le matin, quand tout le monde a repris la mer, nous montons au vieux village, abandonné aux chèvres depuis 84, pour admirer les îles alentours, les vieux murs, la petite église, le four à pain et s'imaginer ce que devait être la vie d'insulaire à cette époque. Même maintenant, en hiver, seules trois personnes vivent sur Marathou... mais on ne compte pas les chèvres !

Après le départ de nos visiteurs, bateau nettoyé, dessalé, lessives faites grâce à un arrêt dans la sympathique marina de Kos, nous essuyons un nouveau coup de meltem. Deux heures après la sortie de la marina le bateau est aussi salé qu'avant ! On s'abrite à Kardamena, sous le vent de Kos, station touristique par excellence avec bars, boutiques, discothèques, jet skis, parasailing et Cie. Seuls au mouillage, comme d'habitude car les gens préfèrent aller au port ou à quai, nous guettons les klaxons et les cris pour connaître les résultats de la finale de la Coupe d'Europe. Mais le sifflement du vent couvre tout. De toute manière les allemands n'ont pas fait beaucoup de bruit et les espagnols sont peu nombreux en Grèce ! Journée meltem, on reste tranquillement à bord. Le soir, des décibels connus (Dire Straits) nous appellent. A terre, au lieu de l'orchestre espéré, on découvre un guitariste-chanteur accompagné d'une bande-son. La terrasse avec ses chaises en plastique ne paie pas de mine, les clients sont rares, mais on passe une bonne soirée musicale tout de même.

Deux dernières îes nous attendent avant la Turquie : Nysiros et Symi. Nysiros nous offre un spectacle surprenant et inhabituel avec son volcan de type "actif endormi" (chut ! ne le réveillons pas !) comprenant une dizaine de cratères visibles qui portent tous un nom. Stéphane, le principal, est âgé de 4000 ans, a une profondeur de 27 m et un diamètre de 330m. Deux villages sont accrochés au bord du volcan. Dans leurs ruelles, avant l'arrivée des nombreux touristes débarquant à Mandraki en ferry pour voir le volcan, on surprend un petit bout de la vie locale, comme le passage du poissonnier avec son scooter.

Nysiros a une très belle végétation, oliviers, figuiers, eucalyptus, plantes grasses et chardons. Depuis la route, on voit la péninsule de Datça au loin, la Turquie... notre prochaine destination. Anegada est amarré dans le petit port de Palon. En face de Nysiros, on aperçoit l'île de Giali que les pelles mécaniques dépouillent de sa pierre ponce. En s'y arrêtant pour le repas de midi, nous avons admiré ce paysage lunaire.

Nous passons à Symi pour faire les formalitées de sortie. C'est un peu St-Trop en Grèce : très jolie architecture mais beaucoup de monde, de boutiques et restaurants. Les maisons du XIXème siècle sont restaurées petit à petit (parfois seulement à moitié !) et une commission archéologique prend garde à ce que le style néo-classique soit respecté. Pas d'espace de liberté pour les architectes ! Mais le résultat est superbe et cela valait la peine de suer un peu pour jeter l'ancre par 25 m de fond avec vent de travers au milieu des caïques et autres bateaux de croisière. Comme Kalymnos et Kos, Symi est a une tradition de pêcheurs d'éponges. Ils doivent aller en Afrique maintenant pour en trouver mais ils les vendent toujours sur les quais. Certaines sont de vraies sculptures.


Nous avons eu un choc en allant faire nos papiers de sortie du territoire : une trentaine de jeunes, très jeunes clandestins, assis sur le sol. Le chef de police se bouche le nez en passant entre eux pour nous emmener au bureau. L'employé nous dit qu'ils arrivent de Turquie (à un dizaine de milles) mais proviennent d'Afghanistan, du Pakistan, d'Irak... Ils seront envoyés à Athènes pour passer en jugement et obtenir éventuellement deux ans de statut de réfugiés. Nous avons vu les embarcations que les passeurs leur fournissent. A l'arrivée, ils les crèvent pour être certains d'être secourus et de ne pas être reconduits dans les eaux internationales ou turques. En repartant de Symi, après un goulet aux eaux turquoises, nous passons entre deux petites îles rocailleuses et entendons des sifflets. Des gens nous appellent et nous font des signes depuis les rochers. On comprend vite la situation mais que faire ? On s'imagine mal retourner à Symi avec des clandestins à bord ! On passe tout droit avec mauvaise conscience et on appelle les garde-côtes pour leur signaler ce nouveau groupe. J'ai lu sur Internet que 100'000 clandestins étaient arrivés en Grèce en 2006, ce qui en fait le pays européen le plus touché par ce problème. Pour nous, c'est une image encore un peu plus précise de ce phénomène tragique et insoluble que l'on a déjà entrevu en Tunisie, en Italie, à Gibraltar ou aux Canaries.

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