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Le grand départ

Qu' elle est difficile à écrire cette page ! Des sentiments contradictoires se bousculent ... des souvenirs aussi :

Cette dernière semaine fut un sprint pour vider et nettoyer l'appartement. Il a fallu trouver preneur pour chaque objet afin d'éviter, si possible, la déchetterie communale (qui a déjà vu passer quinze ans d'archives du bureau technique!). Après deux marchés aux puces et quelques mises aux enchères sur "ricardo", nous avons répartis les meubles et objets restant dans les combles d'amis compatissants, dans un garage que nous gardons au domaine de la Treille, chez les enfants et parents. Un dernier "thé-emportez-tout-ce-que-vous-voulez" pour les jeunes qui se mettent en ménage et l'appartement est presque vide. "Presque" car il reste le plus ennuyant : les clés qui ne correspondent plus à aucune porte mais dont on est sûr d'avoir besoin après les avoir jetées, les "cps" (ça peut servir) qu'on se décide finalement à enfiler dans les bagages qui s'alourdissent de plus en plus.

Les bagages ! c'est un autre souvenir ... Je fais des piles : pour le départ tout proche, pour le retour de Pierre en mars, pour l'été prochain, pour l'hiver prochain, pour les copains qui nous les amèneront à Noël, pour ceux qui viennent aux Açores. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de peser ce que l'on emporte et on apprendra à nos dépends que les vols low cost comme Easyjet reviennent très chers en bagages supplémentaires : CHF 11.50 par kg. On avait 62 kg au lieu de 40 ! Pas de problème ensuite sur Air Caraïbes et, pour le vol Liat entre la Martinique et Grenade, on prendra nos précautions et on laissera deux gros sacs à l'hôtel où nous passons une nuit. Nous reviendrons les chercher à notre retour en Martinique avec le bateau, dans une semaine.

Mais revenons au plus dur de ce départ, les séparations. Pierre devait quitter ses collègues de travail en plus de la famille et des amis. C'était encore plus dur pour lui. Mais c'était aussi l'occasion de voir combien les gens l'ont apprécié et cela fait toujours plaisir. Pris par le temps, nous n'avons pas pu dire au revoir comme nous le souhaitions, nous avons même refusé quelques invitations. mais c'était peut-être mieux ainsi. J'avais bien retrouvé des paquets de mouchoirs en papier dans tout l'appartement, souvenirs de mes adieux à l'école il y a une année, mais mieux valait les laisser à ceux qui restaient pour affronter les rhumes de l'hiver que de les utiliser pour sécher mes trop nombreuses larmes. Un rapide voyage à Vevey pour s'assurer que le père de Pierre récupérait bien de son opération de la hanche et pour embrasser mes parents, descendus de Bruson entre deux repas au "Carrefour"... un dernier apéritif au caveau de nos proprétaires, la famille Dutruy... un dernier repas dans un bon restaurant avec Sébastien, Yann et nos hôtes pendant cette dernière semaine, Bernadette et Jacques-Marie... un dernier saut à l'appartement pour emporter nos bagages et lui dire aussi au revoir. Nous sommes heureux que ce soit Julien Dutruy et son amie Magali qui le reprennent. Nos enfants ont grandi avec lui au domaine et ils ont de nombreux souvenirs communs dans ces lieux. Sébastien et Yann s'y sentiront encore un peu chez eux. Nous avons du reste laissé un canapé-lit pour les soirées un peu trop arrosées ! Julien a repris le domaine avec son frère Christian sous le nom "Les Frères Dutruy". Nous avons bu avec lui une bouteille de la première vendange vinifiée dans cette cave, construite il y a 23 ans par Jean-Jacques et Marianne avec Pierre comme architecte. Il aura son outil de travail sous les pieds et pourra suivre la fermentation à l'odeur, même la nuit.

Enfin c'est le matin du 9 décembre. 5h, Sébastien nous pose à l'aéroport et nous partons, sans bien nous en rendre compte, vers notre nouvelle vie (c'est maintenent, en écrivant ces lignes, qu'il me faudrait les mouchoirs !). Voyage sans problème mais déception totale en arrivant à Grenade : nous retrouvons le bateau dans le même état que nous l'avions laissé quatre mois auparavant, alors que nous avions commandé un polishage de la coque, un antifouling et une réparation du coupe-orin. Pierre se retrouve en chef de chantier pendant les deux jours suivants à essayer de faire avancer les choses. Mais le rythme antillais ne s'accélère pas comme cela ! Le flegme, que nous apprécions tant dans ces îles, devient moins sympathique quand il s'agit d'ouvriers qui se tiennent tranquillement à l'ombre sous les bateaux, en discutant ou en faisant quelques pas de danse en chantant, alors qu'un seul tient nonchalamment un rouleau à peinture. Je suis un peu mal à l'aise de demander tout d'un coup cette efficacité et cette rentabilité qui amènent tant de stress chez nous et que nous fuyons. Mais tout de même ! Ils avaient quatre mois pour le faire ! Pas d'excuse !

Nous partons finalement fâchés, après avoir encore vainement cherché la bombonne de gaz que nous avions donné à remplir et pour laquelle nous avons même payé deux remplissages, heureusement remboursés !

Nous ne traînons pas à Grenade et partons rapidement sur la Martinique en 24 h d'une magnifique navigation. La mer nous fait oublier ces petits désagréments et, à la fin du compte, notre Anegada est superbe avec sa coque toute brillante.


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