Gibraltar Blues ! Nous rêvions d'une douche abondante et chaude, d'un verre dans un pub, d'une balade en ville, d'un ravitaillement en produits frais... Nous avons passé deux nuits au mouillage, coincés entre les cargos et les avions. Nous avons attendu en vain une hypothétique place libre, promise d'heure en heure. Mais par ce temps pluvieux et gris, personne n'était motivé à quitter la marina ! En désespoir de cause, nous avons demandé asile au pompiste pour deux petites heures, le temps de faire le plein d'eau, de courir dans un supermaché, de trouver une batterie pour le moteur et une carte Wifi pour prendre une bonne météo pour la suite. Et nous avons repris la mer à 7h samedi 29 octobre, après 36 heures... de mouillage.

Première journée idyllique, sous spi. Nous pêchons deux petits thons pour le lendemain. Mais le soir, de magnifiques cirrus rosissent dans le ciel. Ils nous annoncent un front : 24 heures au près, à se faire secouer, à escalader des murs d'eau pour retomber de l'autre côté et à tirer des bords carrés. Les thons attendront ! Ce n'était pas bien méchant, mais humide et peu agréable. Comme disait Elodie alors que nous étions sous des trombes d'eau : il y a des photos qui se perdent ! Et elles se sont vraiment perdues car elles n'ont jamais été prises...vu l'humidité ! Dommage ! Le seul souvenir en image, c'est l'état de ma cabine ! Les tiroirs n'ont pas résisté à la gite et tout était sans dessus dessous !

Mais l'avantage des dépressions, c'est le vent du nord qui suit ! Après une journée de vent faible, nous avons pu mettre le spi et descendre plein sud à 8 noeuds de moyenne. A part un bras au vent explosé, pas d'avarie particulière. Trois cargos nous ont croisés de très près la même nuit, dont un que nous avons dû appeler par VHF pour vérifier qu'il nous ait bien vu.

Jeudi 16h, terre en vue. Nous apercevons le nord de Lanzarote mais n'avons pas vraiment le temps de nous arrêter. Vendredi, après un dernier bain, tirés par le bateau, nous accostons à 15h à Las Palmas de Gran Canaria. Cela fait 12 jours que nous sommes sur le bateau (moins deux heures à Gibraltar !). Nous avons parcouru 1652 milles (2975 km) à 7,18 noeuds (14km/h) de moyenne. Nous avons fait 37,8 % de la distance au moteur, surtout en raison du délai imposé par le retour en avion de l'équipage.

Enfin nous pouvons aller fêter notre périple, boire un verre sur une magnifique terrasse de la marina de Las Palmas et se faire un petit resto. Mais le rythme de la mer ne s'efface pas si vite et à 10h nous sommes au lit !

Merci à cet équipage performant, enthousiaste, motivé et toujours souriant, même au réveil en pleine nuit. Ce convoyage m'a permis de prendre confiance dans mon rôle de skipper (même si j'ai encore bien besoin d'un "pilote" dans les manoeuvres de port) et restera un super souvenir. Je n'ai pas progressé au jeu de Uno par contre, ni au Sudoku, mais cela viendra peut-être !

A une prochaine sur Anegada !

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