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La Barbade
Nos déboires avec nos pilotes automatiques, puis la nouvelle de la présence de Vagualarme, nous ont convaincus de nous arrêter à La Barbade, plus proche que Tobago. Nous n'avons pas été déçus par cette découverte. Bien que nous n'ayons pas visité l'île, sans grand intérêt je crois, sauf pour les surfeurs et kitesurfeurs, nous avons passé une semaine bien agréable à Carlisle Bay. C'est un très beau mouillage, même s'il est parfois encombré de touristes sur toutes sortes d'engins plus ou moins bruyant. Des épaves ont été coulées dans une partie de la plage et offrent un joli et inhabituel snorkeling.
Plusieurs bateaux font là leur arrivée aux Antilles après la traversée et nous rencontrons plusieurs équipages connus à Mindelo : Vagualarme, Saï-Saï, Nuage. Etonnamment, nous rencontrons plus de jeunes que de retraités comme nous. Apéros sur les bateaux ou sur la plage permettent de découvir les projets des uns et des autres : Vagualarme va aller soigner ses plaies à Grenade et consolider son mât. Jean-Jacques, de Nuage, va rester un peu à La Barbade pour assouvir sa passion du surf, pendant que Louis, un an et demi, reprend confiance dans l'élément aquatique qui l'a un peu mis à mal en traversée. Dans les bras de sa maman il a pris une grosse vague déferlant dans le cockpit. Les joyeux lurons du Saï-Saï s'éclatent en kitesurf ou en parapente. Ils nous racontent leurs exploits : le vol interdit depuis le sommet du Teide ou leur bain en plein Atlantique : les trois derrière le bateau laissé sous pilote... tout ce qu'il ne faut jamais faire selon les livres ! Une autre équipe de trois solides gaillards rencontrés un soir font un tour rapide de l'Atlantique en 7 mois sur un Aquila (8m28 !). Trois ingénieurs en construction navale qui viennent de terminer leur formation et testent grandeur nature leurs connaissances. Pratiquement sans moyens financiers, donc sans long séjour à terre, ils ont encore au programme le passage à St-Pierre-et-Miquelon avant le retour en Bretagne !
Côté local, nous apprécions la joie de vivre et la chaleur des bajans, les habitants de la Barbade. Le tourisme existe ici depuis très longtemps. c'est une des première île caraïbe à l'avoir développé. Les paquebots s'arrêtent en grand nombre à Bridgetown et les habitants sont habitués à voir défiler les américains dans leurs rues. Ils n'y prêtent plus attention mais sont toujours accueillants, souriants et prêts à rigoler. On découvre le marché aux poissons. Ici, le roi c'est le poisson-volant. Il est vendu plus cher que la coryphène ! Cuisiné en friture ou pané, on le trouve partout et c'est étonnament bon. Au marché aux légumes, les petites vieilles ont toute un couvre-chef, cela doit être un reste d'éducation à l'anglaise. Il y a même un local réfrigéré pour les bouchers. Ils reçoivent des demi-bêtes congelées et les découpent à la scie. On doit aussi se réhabituer au café anglo-saxon ! Dur, d'autant que les bons Nespresso à bord ne sont plus d'actualité puisque la génératrice est en panne.
Le 9 février, nous faisons nos papiers de sortie et partons dans l'après-midi pour Tobago, à 120 nm. Nuit un peu chahutée, on a déjà perdu l'habitude, et arrivée au petit matin.
Tobago
L'arrivée à Charlotteville est magique. La baie est entourée de forêt tropicale. On entend les oiseaux, on retrouve les pélicans. Promenade à terre à la découverte de ce petit village de pêcheurs et pour faire les douanes et l'immigration. Nous retrouvons le "plaisir" des Antilles : clearance pour entrer et clearance pour sortir de chaque pays, donc de chaque île ! Ici ce sera le sommet (voir plus loin). Malheureusement, le mouillage est très rouleur et c'est un peu le rodéo pour aller à terre, même au ponton.
Visite d'une partie de l'île et de Scarborough en bus. Une heure trente de virages dans un paysage luxuriant. Manque de chance, nos amis de La Comète, ancrés à Scarborough, ont eu la même idée que nous et sont partis à Charlotteville pour la journée ! Raté ! Au retour, nous manquons attrapper le refroidissement du siècle : une heure d'attente pour le bus, en partie sous des grains de pluie. Quand il arrive enfin, il est complet mais nous insistons tellement que le chauffeur nous laisse entrer. Debout, mouillés, pendant une demi-heure sous la climatisation réglée à 17 °C et la ventilation à fond, nous avons cru mourir ! Résultat : même pas un rhume ! Le voyage, ça endurcit !
L'ambiance de Charlotteville est paisible. A la tombée de la nuit, tout le monde se retrouve sur le bord de mer pour discuter ou boire un verre. Nous y retrouvons l' équipage allemand de Liv, rencontré à Mindelo et nous faisons la connaissance d'un équipage suisse, de vrais bâlois, eux, Petite Fleur. C'est vendredi, le jour du boucher... il passe avec son pick-up et de gros bacs réfrigérés. Mais comme nous sommes au bout de son voyage, il n'y a plus grand chose d'appétissant ! Avant de repartir de cette baie, je vais me promener jusqu'à Fort Cambleton d'où j'ai un joli point de vue. Les barques de pêches en occupent une grande partie, comme des abeilles posées sur l'eau avec leurs grandes antennes-cannes-à-pêche. Charlotteville produit la majeure partie du poisson de l'île et les pêcheurs sont organisés en coopérative.
Nous aurions voulu explorer les différents mouillages de la côte nord-ouest, comme la superbe Englishman Bay. Nous nous y arrêtons le temps d'un pique-nique, mais c'est trop houleux et le débarquement sur la plage est impossible. Plymouth, plus à l'ouest, nous offre au moins une séance de surf gratuit grâce au Wifi de l'hôtel. Nous passons la St-Valentin chacun devant notre écran... romantique ! En fait, nous avons assez d'autres occasions de romances au clair de lune pour laisser échapper celle-là ! A terre, Plymouth est un étonnant village de petits maisons individuelles alignées de chaque côté de la route. C'est dimanche et le culte ou plutôt les cultes sont célébrés dans les différentes églises et même à un endroit dans un local tenant plus du garage que de l'établissemenr religieux ! Pour marquer tout de même cette fameuse St-Valentin, on s'offre un repas du dimanche au chinois du coin ! De vrais chinois, tout sourire, mais la nourriture s'est un peu empâtée à la sauce américaine, comme tout ce qu'on trouve par ici !
C'est finalement à Store Bay, dans l'endroit le plus touristique de l'île que nous trouvons un mouillage relativement calme, des eaux superbes, un petit coin de snorkeling, un petit bar pour regarder le soleil descendre en sirotant un punch (pas terrible les punch locaux) et un bout de plage un peu protégé pour laisser notre annexe pendant que nous allons à la découverte de l'île en voiture. Nous pouvons voir de plus près ces fameuse baies dont la mignonne Parlatuvier Bay où nous observons le retour des pêcheurs. A notre grand étonnement, ils portent des gilets de sauvetage. On n'a jamais vu cela !
Nous visitons aussi une plantation de cacao et café, qui a l'air d'avoir plus une vocation touristique que de grande production avec ses 100 kg de fêves séchées produites par récolte ! La petite dame nous explique qu'ils plantent 2 hectares par année depuis 3 ans, qu'ils pourraient en planter plus si les jeunes acceptaient de travailler dans le bush pour débroussailler. Mais cela ne leur plaît pas alors la main d'oeuvre manque. Nous avons droit à toutes les étapes du traitement des fèves, jusqu'au séchage en plein soleil, avec un toit amovible pour les couvrir en catastrophe à la moindre goutte. Les cacaoyers poussent à l'ombre des bananiers qui se mêlent à la végétation magnifique de cette vallée. Les oiseaux en profitent aussi. Nous apercevons un jacamar, sorte de gros martin-pêcheur aux couleurs chatoyantes.
Nous utilisons la voiture pour aller à Scarborough faire nos papiers de sorties. Nous y emmenons un autre équipage de jeunes franco-suisses, elle de La Neuveville, ayant passé ses vacances aux Mosses ! On peut parler de choses connues ! le Bébert, la Comballaz ou habite sa maman ! Ils ont un petit bout de chou de 3 mois et demi, Yvan, qui ne bronche pas, que ce soit pour le débarquement en annexe ou avec de la musique plein les oreilles.
C'est à Scarbo (pour les intimes !) que nous découvrons que l'on aurait dû faire les sorties à Charlotteville puisque c'est là que nous sommes entrés !!! Pas de discussion possible. Il faut retourner là-bas. Je propose d'y aller en bus, mais il est déjà parti ! Nous reportons le départ d'un jour et nous irons demain à Charlotteville, soit en bateau, soit en bus. En attendant, nous profitons du carnaval des enfants pour écouter un peu de steel-band. Nous avions déjà entendu l'un des groupes à l'entraînement le soir précédent. Cela nous rappelle un peu le carnaval de Trinidad et la finale des steel-band que nous avions écouté en 1996 avec Jean-Da et Nat. Au retour, nous passons chez le mécano du coin pour récupérer le démarreur. Eh oui ! Pierre a encore déniché un mécano sympa. On peut bientôt éditer un guide des bonnes adresses !
Vendredi 20 février... à marquer dans les annales comme une journée noire ! Une grosse houle du nord s'est levée, rendant tout atterrissage sur la plage périlleux, même au ponton de Pigeon Point. Si on monte à Charlotteville (20 nm) en bateau, on risque d'avoir le même problème là-haut. Nous tentons de monter à Scarbo (10 nm) mais le courant est de 2 à 3 nds et de plus, le vent, dans le nez, monte soudainement à 30 nds. On n'arrivera pas avant midi, l'heure du bus ! Retour à Store Bay en pensant sérieusement à partir sans papier de sortie. Mais c'est délicat car si nous devons aller se réfugier à Trinidad en période cyclonique ou si nous voulons simplement y faire des travaux ou revenir à Tobago, nous risquons des problèmes et des amendes. Finalement, en observant les bateaux voisins, nous remarquons qu'ils entrent dans la partie protégée du luxueux hôtel Coco Reef. On y avait bien songé un instant... Je pose Pierre après une manoeuvre périlleuse à l'entrée de la passe où deux pauvres touristes se baignaient tranquillement. Il faut préciser que le moteur de notre annexe n'a plus toute sa tête et qu'il démarre uniquement avec les gaz à fond et câle sitôt qu'on est au ralenti. Pierre loue une voiture pour l'après-midi et refait les 50 km de virages jusqu'à Charlotteville. Là, il doit palabrer pendant une heure trente avec un douaner des plus désagréables. Nous avons "violé la loi" en quittant la baie sans les avertir (alors qu'on avait posé la question au douanier de service qui nous avait dit qu'il n'y avait rien a faire de spécial). Nous devons payer une amende de 4000 TT (500 euros) ou ils mettent notre bateau sous séquestre jusqu'au jugement ! Pierre dit qu'il n'a pas cette somme et plaide notre innocence. Après plusieurs téléphones au chef et la venue de celui-ci en personne, l'amende baisse à 150 euros, puis à 20 euros. Même là, Pierre tient bon et dit ne pas avoir la somme ! Quand le douanier lui demande combien il a, il répond "juste assez pour payer le plein de la voiture de location que j'ai dû louer". En désespoir de cause, le chef et douanier cèdent, signent les papiers et le laissent repartir en lui précisant bien que la prochaine fois, s'il récidive, il ira en prison ! Mais allons-nous vraiment revenir ? En discutant avec les autres voiliers, personne n'a eu les mêmes informations, personne n'a payé la même taxe, c'est à la tête du client ou plutôt, c'est selon le douanier ! Dommage car cette île est superbe.
A minuit, nous mettons le cap sur Grenade.