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Après les britanniques, voici les américaines.
Nous nous demandions si les Vierges US allaient être différentes des britanniques, plus... américaines. La grande différence, qui nous a empêché d'y venir jusqu'à aujourd'hui, c'est le visa. Les USVI sont bien un territoire américain, même si leurs habitants ne peuvent pas voter pour élire le président. Pourtant en ce qui concerne l'ambiance, on entend et remarque plus les américains aux BVI, où ils sont en vacances et se "lâchent" plus que dans leurs îles si policées.
En effet, notre premier sentiment en arrivant à Cruz Bay, c'est la culpabilité ! Peur de contrevenir à l'une des nombreuses lois ou règles régissant la navigation, les mouillages, les zones de parc national, l'évacuation des déchets, les eaux noires, la bienséance... On réfléchit à deux fois avant de pomper les toilettes... la vanne est-elle dans le bon sens ? Avant de jeter les épluchures à la poubelle... d'où viennent-elles ? J'ai promis au douanier de ne rien jeter dans le pays qui provienne de l'extérieur. Pipi par-dessus bord ... est-ce bien autorisé ? Jeter l'ancre ... oui, ici c'est ok mais pas au sud de St-John. Pêcher ? OUI!!! même les langoustes ! Encore faut-il arriver à les attraper.
La deuxième impression forte, c'est le choc en découvrant les bijouteries alignées dans la rue principale de Charlotte Amalie sur St-Thomas. 18'000 touristes peuvent débarquer certains jours des villes flottantes qui s'amarrent dans la baie. On a assisté à la ruée sur tout ce qui brille en allant acheter notre appareil photo étanche. Impressionnant. Les USVI sont zone franche alors les vacances sont l'occasion de faire de bonnes affaires. Au bout de la rue, là où les touristes font demi-tour, nous trouvons un petit poissonnier/pêcheur parti il y a 41 ans de St-Barth mais parlant encore 3 mots de créole, quelques clochards, un semblant d'épicerie tenu par l'arabe du coin et un magasin de musique reggae... on se sent tout de suite plus à l'aise.
Les maisons sont par contre très jolies, bien entretenues, colorées et arborant de splendides balustrades en fer forgé. En nous promenant de marinas en shipchandlers et supermarchés, nous découvrons encore un autre monde, celui des yachts de luxe et leur épicerie qui n'a rien de celle de l'arabe du coin. Les Châteaux Petrus sont alignés, le Gruyère cotoie le caviar et le foie gras. Heureusement pour notre porte-monnaie, nous trouvons aussi le "Pueblo" un peu plus loin.
Dans la baie de Charlotte Amalie, deux bateaux attirent notre attention : un catamaran français, Ranita, et un fifty suisse, Sea Angel. Le premier va vers Cuba avec un stop à Haïti pour déposer du matériel et le second, acheté aux USA, va sur les Caraïbes. Apéritifs, discussions échanges de tuyaux, c'est toujours avec le même plaisir que nous rencontrons des voyageurs comme nous.
Les USVI sont moins fréquentées que les BVI par les voiliers. Il y a peu de compagnies de location, les mouillages sont moins bien protégés ou payant ou envahis de bouées privées. Les fonds marins sont du coup mieux préservés encore et nous nous régalons de snorkeling grâce aux bouées placées dans des endroits stratégiques, proches de rochers affleurants ou de haut-fonds. Les gorgones et les différents coraux ont encore toutes leurs couleurs et ne sont pas recouverts de mousse comme à beaucoup d'endroits dans les Caraïbes. Avec un peu de soleil, ce sont de vrais paysages qui se déroulent sous nos yeux. C'est un plaisir de photographier ce monde sous-matin, que ce soit une petite "monnaie caraïbe" (sorte d'escargot) sur sa gorgone ou un gros barracuda sous le bateau.
Mais il est temps de refaire un peu de voile. Notre fier coursier s'impatiente. Cap sur Ste Croix (on dit "Sint Croy") avec un joli bord de près de 35 nm. Nous découvrons Christiansted, petite ville endormie à l'abri d'une grande barrière de corail. Son vieux fort, la maison de la douane, la maison de la balance et les entrepôts témoignent de son passé commerçant et international : hollandais, espagnols, britanniques, maltais, français et surtout danois se sont succédés sur cette île avant que les USA ne la rachète comme St-John et St-Thomas en 1917. Ces bâtiments historiques sont colorés et magnifiques. Je profite de la Coupe de l'America pour aller les visiter en laissant Pierre devant son ordinateur bégayant.
Au bord de l'eau, une promenade en bois relie le quartier historique au débarcadère des hydravions, qui font la navette toutes les 45 min. entre Ste Croix et St-Thomas. Quelques voiliers occupent les pontons devant des bars bien animés le soir. Nous discutons devant un verre avec deux américains établis sur l'île depuis quelques années, fuyant le froid comme nous. Ils nous renseignent sur les curiosités locales, comme ces vieux barbus, nostalgiques de Woodstock, qui vivent sur leur petit voilier aussi barbu qu'eux ancré devant la ville à 50 m des bières fraîches. Nous nous demandons s'ils ont vraiment tous des boîtes à eaux noires ! L'ambiance est totalement à l'opposé de St Thomas (qu'ils surnomment ici St-Trauma) et nous avons le plus grand bateau de la baie... cela fait longtemps que cela n'était plus arrivé !
Le lendemain, nous prenons un taxico pour aller au Pueblo et le samedi, un autre pour nous rendre à la grande foire agricole annuelle au centre de l'île. (Plus chers qu'à Grenade, les taxicos sont aussi beaucoup moins nombreux et presque vides. C'est peut-être un moyen d'évaluer la richesse d'une population ? Quand chacun a sa voiture, les taxicos se font rares et les embouteillages plus nombreux. Cela atteint son comble dans les îles françaises.) A la foire, on admire les taureaux, les vaches, les chèvres, les cochons, les coqs... cela nous change des poissons et des tortues. Nous profitons de faire notre marché et d'acheter des tomates "locally grown" si difficiles à trouver et tellement meilleures que celles du Pueblo. A midi, nous cherchons quelque chose à nous mettre sous la dent en nous reposant sous les grands arbres du parc. C'est un peu la déception : après avoir vu tous les slogans et les concours des écoles sur le thème "manger sainement", pas une salade en vue. Nous devons nous contenter d'un "patties", sorte de pâté à la viande passé à la friture vendu dans tous les stands. Et pour le dessert ? Vous prendrez bien un peu de ce gâteau bien léger ?
Cette visite nous a montré l'intérêt grandissant pour le solaire, pour la récupération des déchets et leur utilisation pour créer de l'énergie et pour la déssalinisation qui produit déjà toute l'eau des USVI mais pourrait être moins gourmande en fuel.
En raison des grosses dépressions sur l'est des USA, les alizés sont un peu en panne dans la région et nous devons profiter de chaque journée de vent pour nous déplacer. Nous attendons de connaître l'issue, malheureuse pour la Suisse, de l'America Cup pour lever l'ancre pour St-John. Superbe après-midi sous spi mais les poissons ne veulent rien savoir. Après St-Thomas la snob et Ste-Croix la tranquille, nous aimerions découvrir St-John la sauvage. Sur la côte sud, l'utilisation de l'ancre est interdite. Nous prions donc pour trouver une bouée libre dans Salt Pond Bay où nous arrivons en toute fin d'après-midi. Il y en a une, mais si proche de la plage que Pierre part sonder les fonds alentours pour savoir si on risque de se poser en tournant avec le vent. Il revient rassuré et nous passons une nuit bien calme, excepté les attaques de centaines de minuscules moustiques. Au matin, avant de fuir, nous partons avec palmes, masque, tuba ET appareil photo faire le tour des rochers qui affleurent au milieu de la baie. Une fois encore le spectacle est magique. Les tortues ne sont pas peureuses et viennent à dix centimètres de nous dans un véritable ballet.
En résumé, ces îles Vierges Américaines sont plaisantes, surtout Ste-Croix, un peu à l'écart, qui garde un caractère agricole et antillais que ses soeurs ont perdu. Mais les mouillages agréables et non payant sont peu nombreux. Little St-James, bien centré, est un peu le seul et nous y avons passé plusieurs nuits. Un bref retour sur Anegada pour rencontrer l'équipage de Miti et nous partons pour les Vierges dites espagnoles, dépendant de Puerto Rico.